Des maisons de semences paysannes pour se libérer de l’agrobusiness
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Des maisons de semences paysannes pour se libérer de l’agrobusiness
Bonjour à tous,
Des maisons de semences paysannes pour se libérer de l’agrobusiness
C’est un mouvement mondial : du Brésil à la Grèce, en passant par le Périgord, des maisons et des banques coopératives
de semences se multiplient. L’objectif : libérer les agriculteurs des droits de propriété imposés par l’industrie semencière,
ne dépendre ni des OGM ni des pesticides, et cultiver la biodiversité. Plus de 300 paysans de quinze pays sont venus témoigner
en France de leurs expériences collectives en faveur de la souveraineté alimentaire.
« Il faut nous organiser pour récupérer toutes les semences qui sont dans les banques de gènes et remettre
ce trésor entre des mains sures, celles des paysans ». Au milieu d’une centaine de variétés de maïs,
en plein cœur de la Dordogne, Bertrand Lassaigne raconte l’histoire de la première maison de semences paysannes en France.
Installé depuis 20 ans près de Périgueux, Bertrand cultive principalement des céréales et des protéagineux,
maïs, céréales à paille, soja, lentilles... Peu à peu, il développe son autonomie en semences et parvient en moins de dix ans
à autoproduire la quasi-totalité de ses cultures, sauf en maïs où il continue chaque année d’acheter de la semence
non reproductible qualifiée d’hybrides.
En 1999, une rumeur circule parmi les producteurs de maïs :
des semences polluées par des OGM auraient été vendues.
Bertrand Lassaigne, un des rares agriculteurs à produire du maïs bio, pressent la nécessité de trouver une alternative
aux semences industrielles proposées par les semenciers. C’est le début d’un long chemin pour se réapproprier
des savoirs-faire perdus. Pour éviter les OGM, il part chercher des semences au Guatemala. Et ramène onze variétés
de maïs qu’il sème à son retour. Mais le résultat est décevant : les variétés collectées ne sont pas du tout adaptées au climat.
S’affranchir de l’industrie semencière
Le début du projet est laborieux. La difficulté de trouver de nouvelles variétés s’ajoute à un contexte réglementaire menaçant,
qui ne permet ni la vente ni les échanges de semences. Le travail de Bertrand se déroule dans une quasi-clandestinité !
Ce qui limite de facto la communication autour du projet. Mais le bouche-à-oreille fonctionne : plusieurs agriculteurs mettent
à disposition « la variété de leurs aïeux ». Bertrand réalise lui-même les premiers croisements, donnant naissance à de nouvelles variétés.
Au sein d’AgroBio Périgord, l’association de développement de l’agriculture biologique, Bertrand s’associe à d’autres agriculteurs
et jardiniers pour créer la Maison des Semences Paysannes.
Les semences et les plantes, propriété exclusive de l’agro-industrie ?
http://www.bastamag.net/article2555.html
Onze ans plus tard, les résultats sont là. Leur maison de semences compte plus d’une centaine de variétés de maïs adaptées
aux conditions de l’agriculture biologique. Souvent plus riches en protéines, les variétés sélectionnées sont moins exigeantes
en eau et plus résistantes aux maladies que les semences industrielles. Surtout, elles peuvent être replantées d’année en année,
contrairement aux semences industrielles dont les droits de propriétés contraignent l’agriculteur à racheter ses semences l’année suivante.
L’Aquitaine cultive la biodiversité (pdf)
http://www.agrobioperigord.fr/upload/biodiv/rapport10ans-semences.pdf
Reportage en images sur la plateforme de maïs, près de Périgueux :
Une idée importée du Brésil
Pour Bertrand Lassaigne, cette plateforme d’expérimentation de variétés de maïs n’aurait pas connu un tel développement
sans un voyage d’échange au Brésil en 2004. Il en ramène des techniques, mais aussi un concept, celui des « maisons de semences ».
Au Brésil, le terme « maison » est à prendre au sens propre : les semences sont gardées chez l’un des membres du groupe.
Pour Bertrand, la maison de semences est davantage un concept. Les variétés sont cultivées,
sélectionnées et multipliées dans les champs des agriculteurs.
Comment tout cela marche ? L’agriculteur emprunte un lot de semences à la période des semis et s’engage à retourner
à la maison de semences d’Agrobio Périgord un volume supérieur de semences après récolte, ainsi que des notations
de suivi de culture. Un lieu de stockage de semences existe à proximité de la plateforme d’expérimentation.
Mais pour Bertrand, ce qui fait la richesse de cette « maison », c’est le réseau d’agriculteurs qui la fait vivre :
300 agriculteurs du grand Ouest de la France.
Un kit de semences pour la biodiversité
« Le fondement de la biodiversité, c’est l’échange », confirme Ivan José Canci, un agriculteur brésilien venu tout spécialement
en Dordogne pour les Rencontres internationales des maisons de semences, qui se sont déroulées en septembre dernier.
Ivan José est impliqué dans un travail sur les variétés locales – un « Kit diversité » – dans l’État de Santa Catarina, au sud du Brésil.
L’enjeu est de rendre autonomes les communautés rurales en production de semences. Le kit comprend dix variétés de riz,
quatre de maïs, deux de pop corn, deux de pommes de terres, une de pastèque. Chaque famille est en charge
de la production d’une variété « créole » pour le reste de la communauté. Plus de 650 familles sont aujourd’hui impliquées.
« Développer nos variétés créoles est une façon de lutter contre le modèle agrochimique », assure Ivan José.
une réelle menace pour l’autonomie. C’est la raison pour laquelle elle est investie dans une des 230 banques communautaires
de semences que compte l’État de Paraíba. « Chaque agriculteur est le gardien de sa propre banque et doit faire en sorte
qu’elle ne soit pas contaminée par les OGM », explique-t-elle. Chacune de ces banques est autogérée par 10 à 20 familles.
Les agriculteurs déposent un premier « capital » de semences, pour pouvoir lancer l’activité de la banque. Les familles qui en ont besoin
en empruntent puis alimentent à leur tour la banque après la récolte. « C’est en créant ces banques communautaires de semences
que le gouvernement Lula a fini par nous soutenir », confie Maria. Elle est convaincue que sans la pression de la société civile,
les politiques publiques de soutien à l’agriculture paysanne n’auraient pas vu le jour au Brésil.
Gardiennes de semences en Inde
« Tant que la nourriture n’est pas produite au niveau communautaire, un pays ne peut pas être en situation de sécurité alimentaire ».
C’est le constat dressé par Laxmi, une paysanne du village d’Humnapur sur le plateau du Deccan, au Sud de l’Inde.
Propriétaire d’un hectare, elle a toujours conservé ses semences pour les cultures de l’année suivante.
« J’ai constaté que les semences hybrides données par le gouvernement détruisaient la santé des sols et de l’environnement.
Il y a dix ans, nous nous sommes réunies avec les femmes du village et nous avons décidé d’abandonner les hybrides sur nos parcelles
et de récupérer les semences développées au fil des générations. » Ensemble, elles deviennent les gardiennes de semences
qu’elles récoltent dans les champs et qu’elles conservent, prêtent, empruntent et échangent.
Aujourd’hui, plus de 5 000 femmes, issues de 75 villages de la région, gèrent 55 banques de semences communautaires
avec le soutien de l’ONG Deccan Development Society. 85 variétés sont cultivées sur un millier d’hectares,
sans recours aux pesticides chimiques. « Nous ne sommes plus victimes des créanciers, ni des grands agriculteurs
auprès desquels il fallait quémander nos semences, se réjouit Laxmi. Désormais, ce sont nos connaissances qui nous nourrissent ».
Ces gardiennes de « semences d’espoir » voient l’avenir avec confiance. Bien que le Deccan soit une région semi-aride exposée
à de graves sécheresses, elles ont développé des semences adaptées à une grande variété de conditions climatiques.
« Nous sommes heureuses de partager nos semences, mais si des entreprises de l’agrobusiness viennent revendiquer
un droit de propriété, nous nous battrons contre elles », promet Laxmi.
Faire de l’Afrique une terre nourricière
C’est justement pour faire face à l’invasion des OGM et à des réglementations menaçant les semences paysannes
que plusieurs associations et syndicats ont décidé de mettre en place le Comité ouest-africain des semences paysannes (COASP),
en novembre 2011. Pour son coordinateur au Togo, Jacques Nametougli, il n’y a aucun doute,
« les paysans sont en train de s’organiser pour assurer la souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest comme ailleurs ».
Jacques est originaire de Cinkassé, une ville frontière avec le Burkina Faso et le Sahel. Là-bas, la monoculture de coton
et la rudesse du climat ont poussé les jeunes à l’exode rural. En 1999, Jacques décide de quitter son poste de responsable
de formation dans un Centre de développement rural pour s’installer sur des terres en location.
« C’était un terrain où rien ne poussait, mais je voulais montrer que nous pouvions en faire une terre nourricière », témoigne-t-il.
Les premiers résultats sont décourageants. Mais Jacques développe aujourd’hui du maraîchage et accueille des jeunes
pour leur montrer qu’une agriculture vivrière peut permettre une vie décente en milieu rural. En une décennie, plus de 600 personnes
se forment et s’installent dans le village de Cinkassé. Jacques ne veut pas en rester là. Il veut aussi agir contre les produits chimiques
qui ruinent économiquement les agriculteurs. Il se rend dans plus de 50 villages pour les sensibiliser sur l’autonomie
et impulse la création en 2010 de l’Union des groupements agro-écologistes pour le maintien du patrimoine local (UGAMPL).
Ses membres recherchent, collectent, conservent et valorisent les variétés locales de céréales. Peu à peu, la dynamique s’oriente
aussi vers la production de semences maraîchères, comme le gombo ou l’oignon violet de Galmi. Après avoirs recensé plus
de 150 variétés dans la région, Jacques projette la création d’une maison de semences dans laquelle les intrants chimiques seront bannis.
Un mouvement mondial
Ce fort mouvement de retour aux semences paysannes, Antonis Breskas le constate aussi en Grèce.
Membre de l’association Peliti, il participe avec 220 autres « conservateurs de variétés » à la distribution gratuite
de semences dans tout le pays. Malgré le manque de moyens financiers, Antonis s’emploie à répondre aux demandes
qui se multiplient avec la crise économique. La solidarité, la réciprocité et les dons sont au cœur de la démarche de cette association,
qui n’attend en retour aucune rétribution financière. Avec une collection riche de plus de 2 000 variétés,
Antonis a entamé l’an dernier avec les autres paysans la construction d’une maison de semences,
qui abritera également les bureaux de l’association.
Cette dynamique collective d’échange et de production de semences ou de plants s’étend à d’autres pays, comme l’Iran,
l’Autriche, la Hongrie ou la Roumanie. Des délégations de quinze pays sont venues témoigner de leurs expériences à Périgueux
en septembre, pour ne pas laisser la souveraineté alimentaire entre les mains des sociétés commerciales.
« L’idée, c’est d’occuper le territoire, résume Bertrand Lassaigne, le paysan de Dordogne. Plus il y aura d’agriculteurs qui sèmeront
leurs propres semences, plus il y aura de surfaces semées nécessitant peu d’eau et de produits phytosanitaires,
plus les semences paysannes pourront sortir de la clandestinité ».
Iran : les paysans s’organisent contre la privatisation des semences
http://www.bastamag.net/article2695.html
Reste la question de la diffusion des savoirs-faire, balayés par la « révolution verte ». 99 % des agriculteurs français
ne sauraient plus produire leurs semences, selon l’association Agrobio Périgord. Sur sa plateforme d’expérimentation,
Bertrand Lassaigne et son équipe assurent être prêts à aider les agriculteurs à cette réappropriation des savoirs
et à la création de nouvelles maisons de semences paysannes. Trois autres maisons de semences sont en train d’être créées :
en Bretagne, en Pays de Loire et en Rhône-Alpes.
Sophie Chapelle
Source de l'article
Des maisons de semences paysannes pour se libérer de l’agrobusiness
http://www.bastamag.net/article2750.html
Bien Amicalement.
Des maisons de semences paysannes pour se libérer de l’agrobusiness
C’est un mouvement mondial : du Brésil à la Grèce, en passant par le Périgord, des maisons et des banques coopératives
de semences se multiplient. L’objectif : libérer les agriculteurs des droits de propriété imposés par l’industrie semencière,
ne dépendre ni des OGM ni des pesticides, et cultiver la biodiversité. Plus de 300 paysans de quinze pays sont venus témoigner
en France de leurs expériences collectives en faveur de la souveraineté alimentaire.
« Il faut nous organiser pour récupérer toutes les semences qui sont dans les banques de gènes et remettre
ce trésor entre des mains sures, celles des paysans ». Au milieu d’une centaine de variétés de maïs,
en plein cœur de la Dordogne, Bertrand Lassaigne raconte l’histoire de la première maison de semences paysannes en France.
Installé depuis 20 ans près de Périgueux, Bertrand cultive principalement des céréales et des protéagineux,
maïs, céréales à paille, soja, lentilles... Peu à peu, il développe son autonomie en semences et parvient en moins de dix ans
à autoproduire la quasi-totalité de ses cultures, sauf en maïs où il continue chaque année d’acheter de la semence
non reproductible qualifiée d’hybrides.
En 1999, une rumeur circule parmi les producteurs de maïs :
des semences polluées par des OGM auraient été vendues.
Bertrand Lassaigne, un des rares agriculteurs à produire du maïs bio, pressent la nécessité de trouver une alternative
aux semences industrielles proposées par les semenciers. C’est le début d’un long chemin pour se réapproprier
des savoirs-faire perdus. Pour éviter les OGM, il part chercher des semences au Guatemala. Et ramène onze variétés
de maïs qu’il sème à son retour. Mais le résultat est décevant : les variétés collectées ne sont pas du tout adaptées au climat.
S’affranchir de l’industrie semencière
Le début du projet est laborieux. La difficulté de trouver de nouvelles variétés s’ajoute à un contexte réglementaire menaçant,
qui ne permet ni la vente ni les échanges de semences. Le travail de Bertrand se déroule dans une quasi-clandestinité !
Ce qui limite de facto la communication autour du projet. Mais le bouche-à-oreille fonctionne : plusieurs agriculteurs mettent
à disposition « la variété de leurs aïeux ». Bertrand réalise lui-même les premiers croisements, donnant naissance à de nouvelles variétés.
Au sein d’AgroBio Périgord, l’association de développement de l’agriculture biologique, Bertrand s’associe à d’autres agriculteurs
et jardiniers pour créer la Maison des Semences Paysannes.
Les semences et les plantes, propriété exclusive de l’agro-industrie ?
http://www.bastamag.net/article2555.html
Onze ans plus tard, les résultats sont là. Leur maison de semences compte plus d’une centaine de variétés de maïs adaptées
aux conditions de l’agriculture biologique. Souvent plus riches en protéines, les variétés sélectionnées sont moins exigeantes
en eau et plus résistantes aux maladies que les semences industrielles. Surtout, elles peuvent être replantées d’année en année,
contrairement aux semences industrielles dont les droits de propriétés contraignent l’agriculteur à racheter ses semences l’année suivante.
L’Aquitaine cultive la biodiversité (pdf)
http://www.agrobioperigord.fr/upload/biodiv/rapport10ans-semences.pdf
Reportage en images sur la plateforme de maïs, près de Périgueux :
Une idée importée du Brésil
Pour Bertrand Lassaigne, cette plateforme d’expérimentation de variétés de maïs n’aurait pas connu un tel développement
sans un voyage d’échange au Brésil en 2004. Il en ramène des techniques, mais aussi un concept, celui des « maisons de semences ».
Au Brésil, le terme « maison » est à prendre au sens propre : les semences sont gardées chez l’un des membres du groupe.
Pour Bertrand, la maison de semences est davantage un concept. Les variétés sont cultivées,
sélectionnées et multipliées dans les champs des agriculteurs.
Comment tout cela marche ? L’agriculteur emprunte un lot de semences à la période des semis et s’engage à retourner
à la maison de semences d’Agrobio Périgord un volume supérieur de semences après récolte, ainsi que des notations
de suivi de culture. Un lieu de stockage de semences existe à proximité de la plateforme d’expérimentation.
Mais pour Bertrand, ce qui fait la richesse de cette « maison », c’est le réseau d’agriculteurs qui la fait vivre :
300 agriculteurs du grand Ouest de la France.
Un kit de semences pour la biodiversité
« Le fondement de la biodiversité, c’est l’échange », confirme Ivan José Canci, un agriculteur brésilien venu tout spécialement
en Dordogne pour les Rencontres internationales des maisons de semences, qui se sont déroulées en septembre dernier.
Ivan José est impliqué dans un travail sur les variétés locales – un « Kit diversité » – dans l’État de Santa Catarina, au sud du Brésil.
L’enjeu est de rendre autonomes les communautés rurales en production de semences. Le kit comprend dix variétés de riz,
quatre de maïs, deux de pop corn, deux de pommes de terres, une de pastèque. Chaque famille est en charge
de la production d’une variété « créole » pour le reste de la communauté. Plus de 650 familles sont aujourd’hui impliquées.
« Développer nos variétés créoles est une façon de lutter contre le modèle agrochimique », assure Ivan José.
A ses côtés, Maria Giselda, venue de l’État de Paraíba, à l’Est du Brésil. Aux yeux de cette agricultrice, les OGM constituentAprès de longues années de luttes et de mobilisation pour la reconnaissance des semences paysannes,
la loi n°10.711 parue en 2003 au Brésil reconnaît l’existence des « variétés créoles »,
comme étant « des variétés développées, adaptées ou produites par des agriculteurs familiaux »,
et « qui ne sont pas substantiellement identiques aux variétés commerciales ».
une réelle menace pour l’autonomie. C’est la raison pour laquelle elle est investie dans une des 230 banques communautaires
de semences que compte l’État de Paraíba. « Chaque agriculteur est le gardien de sa propre banque et doit faire en sorte
qu’elle ne soit pas contaminée par les OGM », explique-t-elle. Chacune de ces banques est autogérée par 10 à 20 familles.
Les agriculteurs déposent un premier « capital » de semences, pour pouvoir lancer l’activité de la banque. Les familles qui en ont besoin
en empruntent puis alimentent à leur tour la banque après la récolte. « C’est en créant ces banques communautaires de semences
que le gouvernement Lula a fini par nous soutenir », confie Maria. Elle est convaincue que sans la pression de la société civile,
les politiques publiques de soutien à l’agriculture paysanne n’auraient pas vu le jour au Brésil.
Gardiennes de semences en Inde
« Tant que la nourriture n’est pas produite au niveau communautaire, un pays ne peut pas être en situation de sécurité alimentaire ».
C’est le constat dressé par Laxmi, une paysanne du village d’Humnapur sur le plateau du Deccan, au Sud de l’Inde.
Propriétaire d’un hectare, elle a toujours conservé ses semences pour les cultures de l’année suivante.
« J’ai constaté que les semences hybrides données par le gouvernement détruisaient la santé des sols et de l’environnement.
Il y a dix ans, nous nous sommes réunies avec les femmes du village et nous avons décidé d’abandonner les hybrides sur nos parcelles
et de récupérer les semences développées au fil des générations. » Ensemble, elles deviennent les gardiennes de semences
qu’elles récoltent dans les champs et qu’elles conservent, prêtent, empruntent et échangent.
Aujourd’hui, plus de 5 000 femmes, issues de 75 villages de la région, gèrent 55 banques de semences communautaires
avec le soutien de l’ONG Deccan Development Society. 85 variétés sont cultivées sur un millier d’hectares,
sans recours aux pesticides chimiques. « Nous ne sommes plus victimes des créanciers, ni des grands agriculteurs
auprès desquels il fallait quémander nos semences, se réjouit Laxmi. Désormais, ce sont nos connaissances qui nous nourrissent ».
Ces gardiennes de « semences d’espoir » voient l’avenir avec confiance. Bien que le Deccan soit une région semi-aride exposée
à de graves sécheresses, elles ont développé des semences adaptées à une grande variété de conditions climatiques.
« Nous sommes heureuses de partager nos semences, mais si des entreprises de l’agrobusiness viennent revendiquer
un droit de propriété, nous nous battrons contre elles », promet Laxmi.
Faire de l’Afrique une terre nourricière
C’est justement pour faire face à l’invasion des OGM et à des réglementations menaçant les semences paysannes
que plusieurs associations et syndicats ont décidé de mettre en place le Comité ouest-africain des semences paysannes (COASP),
en novembre 2011. Pour son coordinateur au Togo, Jacques Nametougli, il n’y a aucun doute,
« les paysans sont en train de s’organiser pour assurer la souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest comme ailleurs ».
Jacques est originaire de Cinkassé, une ville frontière avec le Burkina Faso et le Sahel. Là-bas, la monoculture de coton
et la rudesse du climat ont poussé les jeunes à l’exode rural. En 1999, Jacques décide de quitter son poste de responsable
de formation dans un Centre de développement rural pour s’installer sur des terres en location.
« C’était un terrain où rien ne poussait, mais je voulais montrer que nous pouvions en faire une terre nourricière », témoigne-t-il.
Les premiers résultats sont décourageants. Mais Jacques développe aujourd’hui du maraîchage et accueille des jeunes
pour leur montrer qu’une agriculture vivrière peut permettre une vie décente en milieu rural. En une décennie, plus de 600 personnes
se forment et s’installent dans le village de Cinkassé. Jacques ne veut pas en rester là. Il veut aussi agir contre les produits chimiques
qui ruinent économiquement les agriculteurs. Il se rend dans plus de 50 villages pour les sensibiliser sur l’autonomie
et impulse la création en 2010 de l’Union des groupements agro-écologistes pour le maintien du patrimoine local (UGAMPL).
Ses membres recherchent, collectent, conservent et valorisent les variétés locales de céréales. Peu à peu, la dynamique s’oriente
aussi vers la production de semences maraîchères, comme le gombo ou l’oignon violet de Galmi. Après avoirs recensé plus
de 150 variétés dans la région, Jacques projette la création d’une maison de semences dans laquelle les intrants chimiques seront bannis.
Un mouvement mondial
Ce fort mouvement de retour aux semences paysannes, Antonis Breskas le constate aussi en Grèce.
Membre de l’association Peliti, il participe avec 220 autres « conservateurs de variétés » à la distribution gratuite
de semences dans tout le pays. Malgré le manque de moyens financiers, Antonis s’emploie à répondre aux demandes
qui se multiplient avec la crise économique. La solidarité, la réciprocité et les dons sont au cœur de la démarche de cette association,
qui n’attend en retour aucune rétribution financière. Avec une collection riche de plus de 2 000 variétés,
Antonis a entamé l’an dernier avec les autres paysans la construction d’une maison de semences,
qui abritera également les bureaux de l’association.
Cette dynamique collective d’échange et de production de semences ou de plants s’étend à d’autres pays, comme l’Iran,
l’Autriche, la Hongrie ou la Roumanie. Des délégations de quinze pays sont venues témoigner de leurs expériences à Périgueux
en septembre, pour ne pas laisser la souveraineté alimentaire entre les mains des sociétés commerciales.
« L’idée, c’est d’occuper le territoire, résume Bertrand Lassaigne, le paysan de Dordogne. Plus il y aura d’agriculteurs qui sèmeront
leurs propres semences, plus il y aura de surfaces semées nécessitant peu d’eau et de produits phytosanitaires,
plus les semences paysannes pourront sortir de la clandestinité ».
Iran : les paysans s’organisent contre la privatisation des semences
http://www.bastamag.net/article2695.html
Reste la question de la diffusion des savoirs-faire, balayés par la « révolution verte ». 99 % des agriculteurs français
ne sauraient plus produire leurs semences, selon l’association Agrobio Périgord. Sur sa plateforme d’expérimentation,
Bertrand Lassaigne et son équipe assurent être prêts à aider les agriculteurs à cette réappropriation des savoirs
et à la création de nouvelles maisons de semences paysannes. Trois autres maisons de semences sont en train d’être créées :
en Bretagne, en Pays de Loire et en Rhône-Alpes.
Sophie Chapelle
Source de l'article
Des maisons de semences paysannes pour se libérer de l’agrobusiness
http://www.bastamag.net/article2750.html
Bien Amicalement.
La "Guerre des Graines" aura-t-elle lieu?...
La "Guerre des Graines" aura-t-elle lieu?...
En 100 ans, sous les effets de l’industrialisation de l’agriculture,
les trois-quarts de la biodiversité cultivée ont disparu
~ Des Graines en open source contre le brevetage du vivant (Jean-Marie, ConsoGlobe) ~
JNDD 2014 : "Les pirates du vivant" par Marie... par ENSRennes
Pour aller plus loin : Grâce aux grainothèques, des semences libres dans toute la France (Thibaut Schepman, Terraeco)
Refuser l’esclavage semencier
~ Le Roundup et le glyphosate (Le Dormeur doit se Réveiller) ~
~ France : Six OGM différents détectés dans des semences de maïs « certifiées sans OGM » ! (Greenpeace via Le Veilleur) ~
~ Le dossier de Basta ! « Main basse sur les semences » ~
Source de l'article : « La Guerre des Graines » : enquête sur une bataille souterraine et silencieuse (Basta!)
En 100 ans, sous les effets de l’industrialisation de l’agriculture,
les trois-quarts de la biodiversité cultivée ont disparu
~ Des Graines en open source contre le brevetage du vivant (Jean-Marie, ConsoGlobe) ~
Alors que se renforce la main-mise sur les semences par une poignée de multinationales, un vaste arsenal réglementaire limite le droit des paysans à échanger et reproduire les semences. Le documentaire « La Guerre des Graines » décrypte les batailles autour de la privatisation du vivant, avec l’appui de témoignages de paysans, d’élus, de militants, d’experts et d’industriels. « L’histoire que nous allons vous raconter est celle d’une guerre inconnue mais qui nous menace tous, la guerre des graines. » C’est par ces mots saisissants que débute le nouveau film de Stenka Quillet et Clément Montfort, produit par John Paul Lepers, qui sera diffusé sur France 5 le 27 mai prochain. Depuis 12 000 ans, les paysans sèment, sélectionnent et échangent librement leurs semences. Mais cette pratique ancestrale au fondement de l’agriculture est en péril. Dix multinationales contrôlent aujourd’hui 75 % du marché mondial de semences. Leurs noms ? Monsanto (États-Unis, 26 % du marché mondial), DuPont (États-Unis, 18 %), Syngenta (Suisse, 9 %), Limagrain (France, 5 %), suivis d’une poignée d’autres firmes allemandes, états-uniennes ou japonaises. « Que se passera-t-il si l’industrie semencière réussit à privatiser intégralement les semences agricoles ? » interrogent les deux co-réalisateurs.
JNDD 2014 : "Les pirates du vivant" par Marie... par ENSRennes
Pour aller plus loin : Grâce aux grainothèques, des semences libres dans toute la France (Thibaut Schepman, Terraeco)
Refuser l’esclavage semencier
L’enquête de Stenka Quillet et Clément Montfort les a menés en Inde, en France et en Norvège auprès de paysans qui, pour rester libres, cherchent une alternative aux graines de l’industrie. Mais aussi dans les couloirs du Parlement à Bruxelles où se jouent régulièrement des épisodes déterminants de la guerre des graines. Grand témoin de ce film, la scientifique et militante écologiste indienne Vandana Shiva : « la guerre des graines est dans chacune des fermes. Des fermes dans des pays comme ici, en Inde, où des paysans risquent de perdre leur approvisionnement en graines. Mais aussi les fermes plus grandes et conventionnelles qui n’auront plus d’autres choix que d’acheter des OGM, des herbicides, du Roundup, et seront coincés dans un esclavage semencier. »
~ Le Roundup et le glyphosate (Le Dormeur doit se Réveiller) ~
Tous les géants de la semence ont décliné les demandes d’entretiens pour ce film, à l’exception d’un seul, Monsanto. La firme américaine, qui n’a semble t-il plus rien à perdre tant son image a été écornée ces dernières années par différents scandales, a ouvert les portes en France de sa plus grosse usine de semences pour l’Europe. La stratégie de Monsanto se dévoile en partie lors d’un entretien avec l’un des responsables de cette usine située à Peyrehorade en Aquitaine. Consciente des difficultés à développer les plantes génétiquement modifiées en Europe sous la pression citoyenne, la firme mise désormais sur la multiplication des droits de propriété sur les semences. Avant de quitter le site de Monsanto, la caméra s’attarde sur des semences de couleur rouge. Enrobées d’insecticides ou de fongicides provenant d’autres compagnies comme Bayer ou Syngenta, ces semences rappellent que Monsanto collabore étroitement avec plusieurs géants de l’agrochimie.
~ France : Six OGM différents détectés dans des semences de maïs « certifiées sans OGM » ! (Greenpeace via Le Veilleur) ~
La fin de cette enquête conduit à Svalbard, un archipel de la Norvège situé au large du Groenland. C’est là, dans un chambre forte creusée dans la glace, qu’ont été entreposées des graines du monde entier. L’idée, conserver un double de la biodiversité végétale de la planète. Mais la présence d’entreprises privées, comme Syngenta, dans le financement de la gestion quotidienne de ce coffre-fort inquiète. Surtout, rappellent les organisations paysannes, la seule vraie conservation se fait dans les champs des paysans et des jardiniers. Ce qui suppose d’avoir accès et de pouvoir maintenir vivante cette biodiversité. « La guerre des graines est dans chaque assiette, résume Vandana Shiva. Tant que la liberté des graines sera confisquée, alors notre nourriture le sera aussi. C’est pour cette raison que tout le monde doit être engagé pour réclamer la libération des graines. »
~ Le dossier de Basta ! « Main basse sur les semences » ~
Source de l'article : « La Guerre des Graines » : enquête sur une bataille souterraine et silencieuse (Basta!)
Une guerre souterraine ... et silencieuse
Une guerre souterraine ... et silencieuse
Les graines sont le premier maillon de notre alimentation.
Mais dans un avenir très proche, les agriculteurs n'auront peut être plus le droit
de ressemer leur propres graines.
~ "La Faim dans le monde tient du Crime organisé" (Jean Ziegler, France TVinfo) ~
~ Greg Page, l’homme qui contrôle l’alimentation de la planète (Xlsemanal via Le Grand Soir) ~
~ La Guerre des Graines (Officiel)(Chaîne YT de La Tele Libre) ~
Si le lien venait à disparaître : Cliquez Ici
Source de l'article : "La Guerre des Graines" (Blog France TVinfo)
Les graines sont le premier maillon de notre alimentation.
Mais dans un avenir très proche, les agriculteurs n'auront peut être plus le droit
de ressemer leur propres graines.
~ "La Faim dans le monde tient du Crime organisé" (Jean Ziegler, France TVinfo) ~
En Europe, une loi tente de contrôler l'utilisation des semences agricoles... Derrière cette confiscation, 5 grands semenciers qui contrôlent déjà la moitié du marché des graines et cherchent à étendre leur privatisation. Les graines sont-elles une marchandise ou un bien commun de l'humanité au même titre que l'eau ou l'air ? En 100 ans, sous les effets de l'industrialisation de l'agriculture, 75% de la biodiversité cultivée a disparu. Henri Kissinger disait "Qui contrôle le pétrole contrôle les nations, qui contrôle l'alimentation contrôle les peuples". Que se passera-t-il si l'industrie semencière réussit à privatiser intégralement les semences agricoles ? L'histoire que nous racontons dans ce documentaire, c'est celle d'une guerre silencieuse, et méconnue et dont l'enjeu est pourtant crucial c'est bien notre indépendance alimentaire qui en dépend.
~ Greg Page, l’homme qui contrôle l’alimentation de la planète (Xlsemanal via Le Grand Soir) ~
Cette enquête nous a mené en Inde, en France et en Norvège : auprès de paysans qui pour rester libres cherchent une alternative aux graines de l'industrie. Dans les couloirs du Parlement à Bruxelles où se joue un épisode déterminant de la guerre des graines. En Inde chez une activiste qui lutte pour que les graines restent en accès libre et les paysans indépendants. Elle est connue dans le monde entier, et elle est devenue la bête noire de Monsanto : c'est Vandana Shiva. Fait exceptionnel : Monsanto nous a ouvert les portes de sa plus grosse usine de graines pour l'Europe : elle se trouve en France. Les autres géants de la semence ont quant à eux decliné notre demande. Des activistes et des scientifques viennent décrypter les actes de cette guerre secrète. Pour préserver les graines, nous verrons que d'ores et déjà en France, des citoyens résistent à travers des actes de désobéissance civile. La fin de notre enquête nous mène près du cercle polaire, au large du Groënland, dans un chambre forte creusée dans la glace pour entreposer les graines du monde entier en cas de catastrophe écologique. Une belle idée au service de l'humanité mais qui d'après ses détracteurs pourrait se refermer comme un piège.
~ La Guerre des Graines (Officiel)(Chaîne YT de La Tele Libre) ~
Si le lien venait à disparaître : Cliquez Ici
Source de l'article : "La Guerre des Graines" (Blog France TVinfo)
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