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Vers la fin du Pacifisme Constitutionnel au Japon...

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Message  Silver Wisdom Ven 18 Sep - 14:26

Vers la fin du Pacifisme Constitutionnel au Japon...

Des dizaines de milliers de manifestants se sont réunis dimanche
près du Parlement japonais pour protester contre un projet de loi visant à permettre
à l'armée japonaise d'intervenir à l'étranger et de ne plus se cantonner à un simple rôle défensif...


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Courrier International a écrit:
(...) Les membres d’un comité spécial de la Chambre basse ont approuvé la loi sur les forces d’autodéfense présentée par le Premier ministre Shinzo Abe, malgré les protestations de l’opposition et de fortes manifestations dans tout le pays. Cinq partis d’opposition ont refusé de prendre part au vote, estimant que les débats avaient été tronqués, note The Japan Times. Le texte permettrait aux forces japonaises de prendre part à une “autodéfense collective”, permettant des opérations de défense de leurs alliés, en particulier les Etats-Unis, si ceux-ci étaient attaqués. Les détracteurs de ce projet estiment que cela viole la Constitution pacifiste du Japon. (...)

~ Loi controversée sur la défense : Shinzo Abe veut passer en force (Courrier International)(Juillet 2015) ~

Si les perceptions par les Japonais de la guerre et de la défaite sont parfois dissonantes, l’aspiration à la paix les unit. La Constitution de 1947, rédigée par l’occupant américain, dispose que le Japon « renonce à la guerre en tant que droit souverain de la nation » (article 9). Cet engagement pacifiste, inscrit pour la première fois dans une loi fondamentale, fut si bien adopté par les Japonais qu’il est devenu un élément constitutif de l’identité nationale: selon un sondage de l’agence de presse Kyodo, fin juillet 2015, 60% des personnes interrogées étaient favorables à son maintien. Aujourd’hui, se dégageant de son inertie démocratique, l’opinion se mobilise contre le passage en force par la Chambre basse, le 15 juillet, de lois permettant au Japon de renforcer son rôle militaire: les manifestations et les pétitions du monde académique se succèdent, tandis qu’une partie des quotidiens et même la presse féminine, habituellement apolitique, multiplient les critiques à l’encontre du gouvernement Abe.

Vers la fin du Pacifisme Constitutionnel au Japon... Bloggif_55fc0dec777d1
~ Manifestation pacifiste contre la réforme de la Défense au Japon (Reuters via Capital) ~

Certes, le Japon de 2015 n’est plus celui de 1945. Dans un pays en ruines, à la population décimée (2,5 millions de morts) et désorientée, partagée entre l’espoir et le ressentiment à l’encontre de ses dirigeants, qui l’avaient entraînée ­dans cette aventure meurtrière, ­le pacifisme et la démocratie furent perçus comme indissociables. L’horreur des bombardements atomiques, que l’on ne découvrira vraiment qu’après le départ de l’occupant américain en 1952, ne fit que renforcer cette aspiration viscérale à la paix. Paix et démocratie ne furent pas perçues comme des valeurs importées mais devinrent les notions phares de l’après-guerre. Ce revirement est moins étonnant qu’il n’y paraît: les idéaux de paix et de démocratie n’étaient pas inconnus des Japonais. Le mouvement pour les libertés et les droits du peuple, à la fin du XIXe siècle, puis la « démocratie Taisho » (1912-1926) en avaient semé les graines, qui allaient s’épanouir au lendemain de la défaite. Avec le début de la Guerre froide, les Etats-Unis changèrent de cap pour faire du Japon le point névralgique de leur stratégie en Asie. Et le pacifisme constitutionnel fut contourné pour permettre au Japon de se doter au début des années 1950 (guerre de Corée) de forces d’autodéfense qui le placent aujourd’hui au 8e rang mondial en termes de budget.

Ministère des Affaires étrangères Japonais a écrit:
(...) Article 9
Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l’ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à la menace, ou à l’usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux. Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l’État ne sera pas reconnu. (...)


~ La Constitution du Japon (Web Japan)(pdf) ~

Malmené, l’article 9 restait néanmoins un verrou. Quels que soient ses clivages idéologiques, le mouvement pacifiste japonais s’articule autour de trois grands thèmes: le rejet des armes nucléaires, le traité de sécurité avec les Etats-Unis et la responsabilité dans la guerre. Les révélations sur les bombardements atomiques après le départ de l’occupant américain et l’indignation provoquée par l’irradiation de l’équipage d’un bateau de pêche japonais, victime des retombées radioactives d’une bombe à hydrogène testée par les Etats-Unis au large de l’atoll de Bikini en mars 1954, furent à l’origine de la formation du Conseil japonais contre les bombes A et H (Gensuikyo), qui regroupe des millions de personnes. Peu après naissait l’association des victimes de l’atome (Hidankyo), qui exige l’indemnisation de celles-ci et considère comme illégale et immorale l’utilisation de l’arme nucléaire, que Washington justifie par la nécessité d’accélérer la fin de la guerre.

Le gouvernement japonais n’a jamais adopté de position claire en faveur du désarmement nucléaire. Cette timidité reflète la contradiction dans laquelle Tokyo se trouve: victime de l’atome, le Japon est favorable à la suppression des armes nucléaires, mais il est soucieux aussi de ménager la position de l’allié américain, dont il dépend pour sa sécurité (le « parapluie nucléaire »). Aussi le mouvement pacifiste a-t-il toujours combattu le traité de sécurité avec les Etats-Unis, signé en 1951, qu’il considère comme un obstacle à la paix dans la région. Sa renégociation en 1960 donna lieu à des émeutes qui mobilisèrent plus d’un million de manifestants à Tokyo. Puis la guerre du Vietnam (dans laquelle le Japon fut la base arrière de l’armée américaine) devint le ferment de la lutte des pacifistes. L’effondrement de l’URSS n’a pas changé la donne, la Chine ayant pris le relais comme « menace » potentielle. Le passage en force des lois sur la sécurité redonne à un pacifisme qui s’essoufflait une signification que lui conféraient les penseurs japonais de l’école moderniste des années 1950-1960: la paix est moins une fin en soi qu’un moyen d’asseoir une démocratie à même de défendre celle-ci.

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~ La création d'un « OTAN asiatique » pour contrer le péril Jaune ? (Lioudmila Saakian via FYI)(Février 2014) ~

Le mouvement pacifiste constitue aujourd’hui une force diffuse à laquelle manque cependant un relais politique, en raison de la faiblesse de l’opposition. Pour les pacifistes, le renoncement à la guerre inscrit dans la Constitution, même malmené, reste un frein au changement de nature de l’alliance avec les Etats-Unis, qui pourrait conduire les forces d’autodéfense à participer à une guerre menée par Washington, en même temps qu’un instrument pour créer un nouvel environnement en Asie fondé sur la confiance mutuelle, à condition que le Japon reconnaisse sa responsabilité dans son aventure militariste. Aux termes des nouvelles lois sur la sécurité, l’usage de la force par le Japon sera certes plus contraint qu’il ne l’est dans la plupart des pays et soumis à certaines conditions: attaque contre un allié qui met en danger la vie et la liberté des Japonais; absence d’autre moyen pour défendre le pays. Dans le même temps, obligation est faite de limiter le recours à la force à son niveau minimal. Par leur généralité, ces contraintes laissent cependant au gouvernement une large marge d’interprétation. Aux ambiguïtés des nouvelles orientations de la politique de défense nippone s’ajoute, dans la mobilisation d’une partie de l’opinion contre l’abandon de fait du pacifisme constitutionnel, la procédure à laquelle le gouvernement Abe a eu recours pour tourner les dispositions de la Loi fondamentale, qualifiée de «coup d’Etat» par Kenji Ishikawa, constitutionnaliste à l’Université de Tokyo, qui estime qu’il s’agit d’un non-respect du droit par la puissance publique…

Au-delà des arguties juridiques, se pose aux Japonais un problème simple : veulent-ils ou non continuer à proclamer que leur pays renonce au droit de belligérance? Même s’il a été en partie vidé de sa substance, le pacifisme constitutionnel demeure une valeur identitaire en même temps qu’une assurance contre une dérive nationaliste ou un alignement aveugle sur les positions des Etats-Unis. Aujourd’hui, fort d’une confortable majorité et soucieux d’honorer les promesses faites lors de sa visite aux Etats-Unis en avril, Shinzo Abe passe outre la volonté de la majorité de ses concitoyens. Ce qui explique que le renoncement de fait au pacifisme constitutionnel soit mal accepté par nombre de Japonais qui, par le passé, n’ont toutefois jamais été des militants pacifistes engagé.

P. P. Tokyo

Source de l'article : Un pacifisme constitutionnel remis en question (Le Temps)(Août 2015)

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