2012 une vision d'apocalypse
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2012 une vision d'apocalypse
2012 une vision d'apocalypse
Tout indique que 2012 sera une année déterminante dans la crise économique dévastatrice qui s’étend de l’Europe et des États-Unis vers l’Asie et leurs états-clients d’Afrique et d’Amérique Latine. La crise sera vraiment mondiale.
La perspective économique, politique et sociale de 2012 est profondément négative. Quasiment tous les économistes orthodoxes de le pensée dominante sont pessimistes en ce qui concerne l’économie mondiale. Bien que, là aussi, leurs prédictions sous-estiment l’étendue et la profondeur de la crise, il y a de grandes raisons de croire que 2012 sera le début d’un déclin plus important que celui engendré par la Grande Récession de 2008-2009. Avec moins de ressources, plus de dette et une résistance populaire croissante, les gouvernements ne pourront pas sauver le système.
Beaucoup des principales institutions et relations économiques qui ont été la cause et la conséquence de l’expansion capitaliste régionale et mondiale des 30 dernières années sont en train de se désintégrer et de sombrer dans le chaos. Les anciens moteurs économiques de l’expansion globale, les États-Unis et l’Union européenne, ont épuisé leurs ressources et sont clairement en déclin. Les nouveaux centres de croissance, la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie, qui pendant une « courte décennie » ont donné un nouvel élan à la croissance mondiale arrivent en fin de course, leur décélération est rapide et continuera pendant toute l’année prochaine.
L’explosion de l’Union européenne
En particulier l’Union Européenne gangrenée par la crise se désintègrera et au lieu des relations croisées actuelles on aura des accords de commerce ou d’investissement bilatéraux ou multilatéraux. L’Allemagne, la France, les Pays-Bas et les pays nordiques essayeront de négocier le virage. L’Angleterre — c’est à dire la Cité de Londres — dans son splendide isolement, basculera en croissance négative, ses organismes financiers s’évertuant à trouver de nouvelles opportunités de spéculation dans les états pétroliers du Golfe et autres « niches ». L’Europe centrale et l’Europe de l’est, en particulier la Pologne et la République tchèque, se rapprocheront de l’Allemagne mais souffriront des conséquences du déclin général des marchés mondiaux. L’Europe du sud (la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie) entreront dans une profonde récession et le règlement de l’énorme dette par des assauts sauvages sur les salaires et les avantages sociaux réduira drastiquement la demande des consommateurs.
Le chômage et le sous-emploi dus à la récessions atteindront un tiers des personnes en âge de travailler et cela provoquera des conflits sociaux de longue durée qui s’élargiront en soulèvements populaires. L’explosion de l’Europe est presque inévitable. L’Euro, en tant que monnaie de référence, sera abandonné au profit de monnaies nationales nouvelles ou anciennes accompagnées de dévaluations et de mesures protectionnistes. Le nationalisme sera à l’ordre du jour. Les banques allemandes, françaises et suisses subiront d’énormes pertes sur les prêts consentis au Sud. Leur sauvetage engloutira des sommes énormes, clivant les sociétés allemandes et françaises en opposant les contribuables majoritaires aux banquiers. Le militantisme syndical et le pseudo « populisme » de droite (néo-fascisme) intensifieront les luttes nationalistes et les luttes de classe.
Une Europe fragmentée et socialement déchirée sera moins susceptible de se joindre à une opération militaire israélo-étasunienne d’inspiration israélienne contre l’Iran (ou même la Syrie). L’Europe en crise s’opposera à une attitude agressive des États-Unis à l’égard de la Russie et de la Chine.
États-Unis : la récession revient pour de bon
Les États-Unis subiront les conséquences de leur énorme déficit fiscal et ne seront pas capables de contrecarrer financièrement la récession mondiale de 2012. Ils ne pourront pas non plus « externaliser » leur solution de la crise en se tournant vers l’Asie auparavant dynamique car la Chine, l’Inde et le reste de l’Asie sont en perte de vitesse économique. La Chine aura une croissance bien inférieure à ses 9 % habituels. L’Inde passera de 8 % à 5 % ou moins encore. De plus, la politique militaire « d’encerclement » pratiquée par le régime d’Obama et sa politique économique d’exclusion et de protectionnisme écarteront la possibilité que la Chine contribue à la relance.
Le militarisme aggrave le déclin économique
Les États-Unis et l’Angleterre seront les plus grands perdants de la reconstruction économique de l’Irak après la guerre. Les entreprises étasuniennes et anglaises obtiendront moins de 5 % des 186 milliards de projets d’infrastructures (Financial Times, 12/16/11, p 1 et 3). Ce sera sans doute la même chose en Libye et ailleurs. L’armée impériale étasunienne détruit un adversaire, creuse sa dette pour le faire, et des pays qui n’ont pas pris part au conflit récoltent les juteux contrats de la reconstruction économique d’après guerre.
L’économie des États-Unis sombrera dans la récession en 2012 et la « relance sans emplois de 2011″ sera suivie d’une hausse importante du chômage en 2012. En fait la force de travail toute entière se contractera au fur et à mesure que ceux qui ne touchent plus d’indemnités de chômage cesseront de s’inscrire.
L’exploitation des travailleurs (« la productivité ») s’intensifiera à mesure que les capitalistes forceront les travailleurs à travailler toujours plus pour un salaire toujours moindre, creusant ainsi le fossé entre les salaires et les profits.
La récession économique et la hausse du chômage seront accompagnées de coupes sauvages dans les programmes sociaux pour subventionner les banques et les industries en difficulté. Les débats entre les partis politiques porteront sur l’importance des coupes qu’il faut imposer aux travailleurs et aux retraités pour gagner « la confiance » des actionnaires. Confronté a des choix politiques aussi limités, l’électorat réagira en ne réélisant pas les dirigeants sortants, en s’abstenant de voter et en organisant des mouvements de masse spontanés comme “occupy Wall Street”. L’insatisfaction, l’hostilité et la frustration domineront la culture. Les démagogues du Parti démocratique se serviront de la Chine comme bouc émissaire ; les démagogues du Parti républicain blâmeront les immigrants. Et les deux partis fulmineront contre les « fascistes islamistes », en particulier contre l’Iran.
Nouvelles guerres au milieu des crises : les sionistes tirent les ficelles
Les « 52 présidents des principales organisations juives étasuniennes » et leurs partisans « Israël avant tout » du Congrès étasunien, de Département d’État, du Trésor et du Pentagone inciteront à la guerre contre l’Iran. S’ils parviennent à leurs fins, il y aura une explosion régionale et une dépression mondiale. Étant donné la capacité du régime extrémiste israélien à obtenir du Congrès étasunien et de la Maison-Blanche une adhésion inconditionnelle à tous ses plans belliqueux, on ne peut écarter l’éventualité d’une aussi terrible catastrophe.
Chine : les mécanismes compensatoires en 2012
La Chine affrontera la récession mondiale de 2012 avec plusieurs options disponibles pour diminuer son impact. Beijing peut modifier sa production et produire des marchandises et des services pour les 700 millions de consommateurs qui ne sont pas pris dans la tourmente économique. En augmentant les salaires, les services sociaux et la qualité de l’environnement, la Chine peut compenser la perte des marchés étrangers. La croissance économique de la Chine, qui s’origine en grande partie dans la spéculation du marché immobilier, sera affectée par l’éclatement de la bulle. Un recul sévère s’ensuivra provoquant des pertes d’emplois, des faillites municipales et l’augmentation des conflits sociaux et des conflits de classes. Cela pourra entraîner soit une plus grande répression soit une démocratisation graduelle. L’issue affectera profondément les relations commerciales de la Chine. La crise économique renforcera probablement le contrôle de l’état sur le marché.
La Russie affronte la crise
L’élection du Président Poutine diminuera le soutien de la Russie aux soulèvements et aux sanctions fomentés par les États-Unis contre les alliés et les partenaires commerciaux de la Russie. Poutine se rapprochera de la Chine et bénéficiera de l’éclatement de l’Europe et de l’affaiblissement de l’OTAN.
L’opposition russe soutenue par les médias occidentaux utilisera son poids financier pour discréditer Poutine et promouvoir le boycott des investissements, ce qui ne les empêchera pas de perdre largement les élections présidentielles. La récession mondiale affaiblira l’économie russe et la forcera à choisir entre les nationalisations ou l’utilisation croissante des fonds de l’état pour tirer d’affaire les oligarques influents.
La transition 2011-2012 : de la récession et la stagnation régionales aux crises mondiales
L’année 2011 a posé les fondations de l’explosion de l’Union européenne. Les crises ont commencé avec la déconfiture de l’euro, la stagnation aux États-Unis et la déferlante dans le monde des manifestations populaires contre les indécentes inégalités. Les événements de 2011 ont donné un aperçu de ce que nous prépare 2012 : des guerres commerciales débridées entre les principales puissances, l’exaspération des luttes entre impérialistes et la perspective de soulèvements populaires qui tournent en révolutions. De plus, l’escalade de la fièvre belliciste orchestrée par les sionistes contre l’Iran en 2011 laisse présager la plus terrible guerre régionale depuis le conflit étasuno-indo-chinois. Les campagnes électorales et les résultats des élections aux États-Unis, en France et en Russie aggraveront les conflits mondiaux et les crises économiques.
En 2011 le régime Obama a initié une politique de confrontation militaire avec la Russie et la Chine et des politiques destinées à gêner et retarder la montée de la Chine en tant que puissance économique mondiale. A cause de l’aggravation de la récession économique et du déclin des marchés étrangers surtout en Europe, une guerre commerciale d’envergure éclatera. Washington poursuivra une politique agressive visant à limiter les exportations et les investissements chinois. La Maison-Blanche intensifiera ses efforts pour empêcher le commerce et les investissements de la Chine en Asie, en Afrique et ailleurs. On peut s’attendre à des efforts renouvelés de la part des États-Unis pour exploiter les conflits ethniques et populaires intérieurs de la Chine et augmenter sa présence militaire le long des côtes chinoises. Une provocation majeure ou des incidents montés de toutes pièces ne sont pas à exclure. Tout cela pourrait mener en 2012 au nationalisme fanatique et à une nouvelle et coûteuse « Guerre Froide ». Obama a fourni le cadre et la justification d’une confrontation à grande échelle et de longue durée avec la Chine. Ce sera un effort désespéré pour maintenir l’influence étasunienne et ses positions stratégiques en Asie. Le « quadrilatère de pouvoir » de l’armée étasunienne — les États-Unis, le Japon, l’Australie et la Corée — avec le soutien des satellites philippins, essayera de détruire les liens commerciaux de la Chine au moyen de la puissance militaire de Washington.
Europe : intensification de l’austérité et de la lutte des classes
Les programmes d’austérité imposés à l’Europe, de l’Angleterre à la Lettonie en passant par l’Europe du Sud, seront la marque de 2012. Des licenciements massifs dans le secteur public et des salaires et des offres d’emploi en réduction dans le privé engendreront une guerre continuelle entre les classes sociales et la remise en question des régimes. Les « politiques d’austérité » du Sud provoqueront une incapacité de payer la dette qui entraînera la faillite de banques françaises et allemandes. La classe financière dominante anglaise, isolée de l’Europe, mais dominante en Angleterre, obligera le gouvernement conservateur à « réprimer » les révoltes populaires et syndicales. Un nouveau style de règle autocratique néo-thatcherienne verra le jour ; l’opposition syndicale formulera des revendications de pure forme tout en serrant la bride à la populace rebelle. En un mot, les politiques sociales économiques régressives développées en 2011 ont préparé le cadre dans lequel de nouveaux régimes policiers pourront réprimer dans le sang les travailleurs et les jeunes chômeurs sans avenir.
Les guerres qui vont sonner le glas de « l’Amérique telle que nous la connaissons »
Aux Etats-Unis, Obama a préparé le terrain pour une guerre plus importante au Moyen-Orient en déplaçant des troupes d’Irak et d’Afghanistan pour les concentrer sur l’Iran. Pour déstabiliser l’Iran, Washington multiplie les opérations militaires et civiles secrètes contre les alliés de l’Iran, en Syrie, au Pakistan, au Venezuela et en Chine. Voilà les ingrédients de la stratégie belliqueuse israélo-étasunienne contre l’Iran : des guerres dans les États voisins, des sanctions économiques internationales, des attaques cybernétiques pour mettre à mal les industries vitales et des assassinats ciblés de savants et d’officiels militaires. Le projet en son entier, de sa planification à son exécution, peut être attribué, sans risque d’erreur, à la configuration du pouvoir sioniste qui tient les positions stratégiques dans l’Administration étasunienne, les médias dominants et la « société civile ». Une analyse systématique des politiciens étasuniens du Congrès qui promeuvent et mettent en oeuvre la politique de sanctions montre que les rôles principaux sont tenus par des méga-sionistes (les adeptes du « Israël avant tout ») comme Ileana Ros-Lehtinen et Howard Berman, Dennis Ross à la Maison Blanche, Jeffrey Feltman au Département d’Etat et Stuart Levy et son remplaçant David Cohenson au Trésor. La Maison-Blanche est entièrement aux mains des collecteurs de fonds sionistes et fait ce que veulent les 52 présidents des principales organisations juives étasuniennes.
La stratégie israélo-sioniste est d’encercler l’Iran, de l’affaiblir économiquement et de l’attaquer militairement. L’invasion de l’Irak a été la première guerre des États-Unis au bénéfice d’Israël ; la guerre de Libye, la seconde ; la guerre par personnes interposées contre la Syrie, la troisième. Ces guerres ont détruit les adversaires d’Israël ou sont en passe de les détruire. En 2011, les sanctions économiques destinées à créer de l’agitation intérieure en Iran ont été la principale arme sélectionnée. La campagne pour les sanctions internationales a mobilisé toute l’énergie des lobbys sionistes. Ils n’ont rencontré aucune résistance dans les médias dominants, ni au Congrès, ni dans les bureaux de la Maison-Blanche. La Configuration de Pouvoir Sioniste (CPS) n’a pas été l’objet de la moindre critique de la part des groupuscules, mouvements ou journaux de la gauche progressiste, à part quelques notables exceptions.
Le repositionnement des troupes étasuniennes de l’Irak aux frontières de l’Iran, les sanctions et l’influence grandissante de la cinquième colonne israélienne aux États-Unis signifie que la guerre va s’étendre aux Moyen-Orient. Cela implique sans doute une attaque aérienne « surprise » de missiles par les forces étasuniennes. Elle sera justifiée par une prétendue « attaque nucléaire imminente » inventée par le Mossad israélien et transmise dans les termes exacts par le CPS à ses laquais du Congrès étasunien et de la Maison-Blanche pour être officialisée et diffusée au monde entier. Ce sera une guerre meurtrière, sanglante et longue au profit d’Israël ; les États-Unis en paieront le prix militaire direct et le reste du monde paiera un prix économique élevé. La guerre étasunienne fomentée par les sionistes fera évoluer la récession du début de 2012 en une profonde dépression vers la fin de l’année et provoquera sans doute des soulèvements populaires massifs.
Conclusion
Tout indique que 2012 sera une année déterminante dans la crise économique dévastatrice qui s’étend de l’Europe et des États-Unis vers l’Asie et leurs états-clients d’Afrique et d’Amérique Latine. La crise sera vraiment mondiale. Les conflits entre les pays impérialistes et les guerres coloniales saperont touts les efforts pour mettre fin à la crise. En réaction, des mouvements de masse verront le jour et les manifestations et les soulèvements se transformeront avec le temps, espérons-le, en révolutions sociales qui amèneront un changement du pouvoir politique.
James Petras, ancien professeur de Sociologie à l’université de Binghamton, New York, conseille les personnes qui n’ont ni terre ni travail au Brésil et en Argentine. Il a co-écrit Globalization Unmasked (Zed Books).
( http://petras.lahaine.org/ )
Source : http://lepost.unblog.fr/2011/12/30/2012-une-vision-dapocalypse/
Tout indique que 2012 sera une année déterminante dans la crise économique dévastatrice qui s’étend de l’Europe et des États-Unis vers l’Asie et leurs états-clients d’Afrique et d’Amérique Latine. La crise sera vraiment mondiale.
La perspective économique, politique et sociale de 2012 est profondément négative. Quasiment tous les économistes orthodoxes de le pensée dominante sont pessimistes en ce qui concerne l’économie mondiale. Bien que, là aussi, leurs prédictions sous-estiment l’étendue et la profondeur de la crise, il y a de grandes raisons de croire que 2012 sera le début d’un déclin plus important que celui engendré par la Grande Récession de 2008-2009. Avec moins de ressources, plus de dette et une résistance populaire croissante, les gouvernements ne pourront pas sauver le système.
Beaucoup des principales institutions et relations économiques qui ont été la cause et la conséquence de l’expansion capitaliste régionale et mondiale des 30 dernières années sont en train de se désintégrer et de sombrer dans le chaos. Les anciens moteurs économiques de l’expansion globale, les États-Unis et l’Union européenne, ont épuisé leurs ressources et sont clairement en déclin. Les nouveaux centres de croissance, la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie, qui pendant une « courte décennie » ont donné un nouvel élan à la croissance mondiale arrivent en fin de course, leur décélération est rapide et continuera pendant toute l’année prochaine.
L’explosion de l’Union européenne
En particulier l’Union Européenne gangrenée par la crise se désintègrera et au lieu des relations croisées actuelles on aura des accords de commerce ou d’investissement bilatéraux ou multilatéraux. L’Allemagne, la France, les Pays-Bas et les pays nordiques essayeront de négocier le virage. L’Angleterre — c’est à dire la Cité de Londres — dans son splendide isolement, basculera en croissance négative, ses organismes financiers s’évertuant à trouver de nouvelles opportunités de spéculation dans les états pétroliers du Golfe et autres « niches ». L’Europe centrale et l’Europe de l’est, en particulier la Pologne et la République tchèque, se rapprocheront de l’Allemagne mais souffriront des conséquences du déclin général des marchés mondiaux. L’Europe du sud (la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie) entreront dans une profonde récession et le règlement de l’énorme dette par des assauts sauvages sur les salaires et les avantages sociaux réduira drastiquement la demande des consommateurs.
Le chômage et le sous-emploi dus à la récessions atteindront un tiers des personnes en âge de travailler et cela provoquera des conflits sociaux de longue durée qui s’élargiront en soulèvements populaires. L’explosion de l’Europe est presque inévitable. L’Euro, en tant que monnaie de référence, sera abandonné au profit de monnaies nationales nouvelles ou anciennes accompagnées de dévaluations et de mesures protectionnistes. Le nationalisme sera à l’ordre du jour. Les banques allemandes, françaises et suisses subiront d’énormes pertes sur les prêts consentis au Sud. Leur sauvetage engloutira des sommes énormes, clivant les sociétés allemandes et françaises en opposant les contribuables majoritaires aux banquiers. Le militantisme syndical et le pseudo « populisme » de droite (néo-fascisme) intensifieront les luttes nationalistes et les luttes de classe.
Une Europe fragmentée et socialement déchirée sera moins susceptible de se joindre à une opération militaire israélo-étasunienne d’inspiration israélienne contre l’Iran (ou même la Syrie). L’Europe en crise s’opposera à une attitude agressive des États-Unis à l’égard de la Russie et de la Chine.
États-Unis : la récession revient pour de bon
Les États-Unis subiront les conséquences de leur énorme déficit fiscal et ne seront pas capables de contrecarrer financièrement la récession mondiale de 2012. Ils ne pourront pas non plus « externaliser » leur solution de la crise en se tournant vers l’Asie auparavant dynamique car la Chine, l’Inde et le reste de l’Asie sont en perte de vitesse économique. La Chine aura une croissance bien inférieure à ses 9 % habituels. L’Inde passera de 8 % à 5 % ou moins encore. De plus, la politique militaire « d’encerclement » pratiquée par le régime d’Obama et sa politique économique d’exclusion et de protectionnisme écarteront la possibilité que la Chine contribue à la relance.
Le militarisme aggrave le déclin économique
Les États-Unis et l’Angleterre seront les plus grands perdants de la reconstruction économique de l’Irak après la guerre. Les entreprises étasuniennes et anglaises obtiendront moins de 5 % des 186 milliards de projets d’infrastructures (Financial Times, 12/16/11, p 1 et 3). Ce sera sans doute la même chose en Libye et ailleurs. L’armée impériale étasunienne détruit un adversaire, creuse sa dette pour le faire, et des pays qui n’ont pas pris part au conflit récoltent les juteux contrats de la reconstruction économique d’après guerre.
L’économie des États-Unis sombrera dans la récession en 2012 et la « relance sans emplois de 2011″ sera suivie d’une hausse importante du chômage en 2012. En fait la force de travail toute entière se contractera au fur et à mesure que ceux qui ne touchent plus d’indemnités de chômage cesseront de s’inscrire.
L’exploitation des travailleurs (« la productivité ») s’intensifiera à mesure que les capitalistes forceront les travailleurs à travailler toujours plus pour un salaire toujours moindre, creusant ainsi le fossé entre les salaires et les profits.
La récession économique et la hausse du chômage seront accompagnées de coupes sauvages dans les programmes sociaux pour subventionner les banques et les industries en difficulté. Les débats entre les partis politiques porteront sur l’importance des coupes qu’il faut imposer aux travailleurs et aux retraités pour gagner « la confiance » des actionnaires. Confronté a des choix politiques aussi limités, l’électorat réagira en ne réélisant pas les dirigeants sortants, en s’abstenant de voter et en organisant des mouvements de masse spontanés comme “occupy Wall Street”. L’insatisfaction, l’hostilité et la frustration domineront la culture. Les démagogues du Parti démocratique se serviront de la Chine comme bouc émissaire ; les démagogues du Parti républicain blâmeront les immigrants. Et les deux partis fulmineront contre les « fascistes islamistes », en particulier contre l’Iran.
Nouvelles guerres au milieu des crises : les sionistes tirent les ficelles
Les « 52 présidents des principales organisations juives étasuniennes » et leurs partisans « Israël avant tout » du Congrès étasunien, de Département d’État, du Trésor et du Pentagone inciteront à la guerre contre l’Iran. S’ils parviennent à leurs fins, il y aura une explosion régionale et une dépression mondiale. Étant donné la capacité du régime extrémiste israélien à obtenir du Congrès étasunien et de la Maison-Blanche une adhésion inconditionnelle à tous ses plans belliqueux, on ne peut écarter l’éventualité d’une aussi terrible catastrophe.
Chine : les mécanismes compensatoires en 2012
La Chine affrontera la récession mondiale de 2012 avec plusieurs options disponibles pour diminuer son impact. Beijing peut modifier sa production et produire des marchandises et des services pour les 700 millions de consommateurs qui ne sont pas pris dans la tourmente économique. En augmentant les salaires, les services sociaux et la qualité de l’environnement, la Chine peut compenser la perte des marchés étrangers. La croissance économique de la Chine, qui s’origine en grande partie dans la spéculation du marché immobilier, sera affectée par l’éclatement de la bulle. Un recul sévère s’ensuivra provoquant des pertes d’emplois, des faillites municipales et l’augmentation des conflits sociaux et des conflits de classes. Cela pourra entraîner soit une plus grande répression soit une démocratisation graduelle. L’issue affectera profondément les relations commerciales de la Chine. La crise économique renforcera probablement le contrôle de l’état sur le marché.
La Russie affronte la crise
L’élection du Président Poutine diminuera le soutien de la Russie aux soulèvements et aux sanctions fomentés par les États-Unis contre les alliés et les partenaires commerciaux de la Russie. Poutine se rapprochera de la Chine et bénéficiera de l’éclatement de l’Europe et de l’affaiblissement de l’OTAN.
L’opposition russe soutenue par les médias occidentaux utilisera son poids financier pour discréditer Poutine et promouvoir le boycott des investissements, ce qui ne les empêchera pas de perdre largement les élections présidentielles. La récession mondiale affaiblira l’économie russe et la forcera à choisir entre les nationalisations ou l’utilisation croissante des fonds de l’état pour tirer d’affaire les oligarques influents.
La transition 2011-2012 : de la récession et la stagnation régionales aux crises mondiales
L’année 2011 a posé les fondations de l’explosion de l’Union européenne. Les crises ont commencé avec la déconfiture de l’euro, la stagnation aux États-Unis et la déferlante dans le monde des manifestations populaires contre les indécentes inégalités. Les événements de 2011 ont donné un aperçu de ce que nous prépare 2012 : des guerres commerciales débridées entre les principales puissances, l’exaspération des luttes entre impérialistes et la perspective de soulèvements populaires qui tournent en révolutions. De plus, l’escalade de la fièvre belliciste orchestrée par les sionistes contre l’Iran en 2011 laisse présager la plus terrible guerre régionale depuis le conflit étasuno-indo-chinois. Les campagnes électorales et les résultats des élections aux États-Unis, en France et en Russie aggraveront les conflits mondiaux et les crises économiques.
En 2011 le régime Obama a initié une politique de confrontation militaire avec la Russie et la Chine et des politiques destinées à gêner et retarder la montée de la Chine en tant que puissance économique mondiale. A cause de l’aggravation de la récession économique et du déclin des marchés étrangers surtout en Europe, une guerre commerciale d’envergure éclatera. Washington poursuivra une politique agressive visant à limiter les exportations et les investissements chinois. La Maison-Blanche intensifiera ses efforts pour empêcher le commerce et les investissements de la Chine en Asie, en Afrique et ailleurs. On peut s’attendre à des efforts renouvelés de la part des États-Unis pour exploiter les conflits ethniques et populaires intérieurs de la Chine et augmenter sa présence militaire le long des côtes chinoises. Une provocation majeure ou des incidents montés de toutes pièces ne sont pas à exclure. Tout cela pourrait mener en 2012 au nationalisme fanatique et à une nouvelle et coûteuse « Guerre Froide ». Obama a fourni le cadre et la justification d’une confrontation à grande échelle et de longue durée avec la Chine. Ce sera un effort désespéré pour maintenir l’influence étasunienne et ses positions stratégiques en Asie. Le « quadrilatère de pouvoir » de l’armée étasunienne — les États-Unis, le Japon, l’Australie et la Corée — avec le soutien des satellites philippins, essayera de détruire les liens commerciaux de la Chine au moyen de la puissance militaire de Washington.
Europe : intensification de l’austérité et de la lutte des classes
Les programmes d’austérité imposés à l’Europe, de l’Angleterre à la Lettonie en passant par l’Europe du Sud, seront la marque de 2012. Des licenciements massifs dans le secteur public et des salaires et des offres d’emploi en réduction dans le privé engendreront une guerre continuelle entre les classes sociales et la remise en question des régimes. Les « politiques d’austérité » du Sud provoqueront une incapacité de payer la dette qui entraînera la faillite de banques françaises et allemandes. La classe financière dominante anglaise, isolée de l’Europe, mais dominante en Angleterre, obligera le gouvernement conservateur à « réprimer » les révoltes populaires et syndicales. Un nouveau style de règle autocratique néo-thatcherienne verra le jour ; l’opposition syndicale formulera des revendications de pure forme tout en serrant la bride à la populace rebelle. En un mot, les politiques sociales économiques régressives développées en 2011 ont préparé le cadre dans lequel de nouveaux régimes policiers pourront réprimer dans le sang les travailleurs et les jeunes chômeurs sans avenir.
Les guerres qui vont sonner le glas de « l’Amérique telle que nous la connaissons »
Aux Etats-Unis, Obama a préparé le terrain pour une guerre plus importante au Moyen-Orient en déplaçant des troupes d’Irak et d’Afghanistan pour les concentrer sur l’Iran. Pour déstabiliser l’Iran, Washington multiplie les opérations militaires et civiles secrètes contre les alliés de l’Iran, en Syrie, au Pakistan, au Venezuela et en Chine. Voilà les ingrédients de la stratégie belliqueuse israélo-étasunienne contre l’Iran : des guerres dans les États voisins, des sanctions économiques internationales, des attaques cybernétiques pour mettre à mal les industries vitales et des assassinats ciblés de savants et d’officiels militaires. Le projet en son entier, de sa planification à son exécution, peut être attribué, sans risque d’erreur, à la configuration du pouvoir sioniste qui tient les positions stratégiques dans l’Administration étasunienne, les médias dominants et la « société civile ». Une analyse systématique des politiciens étasuniens du Congrès qui promeuvent et mettent en oeuvre la politique de sanctions montre que les rôles principaux sont tenus par des méga-sionistes (les adeptes du « Israël avant tout ») comme Ileana Ros-Lehtinen et Howard Berman, Dennis Ross à la Maison Blanche, Jeffrey Feltman au Département d’Etat et Stuart Levy et son remplaçant David Cohenson au Trésor. La Maison-Blanche est entièrement aux mains des collecteurs de fonds sionistes et fait ce que veulent les 52 présidents des principales organisations juives étasuniennes.
La stratégie israélo-sioniste est d’encercler l’Iran, de l’affaiblir économiquement et de l’attaquer militairement. L’invasion de l’Irak a été la première guerre des États-Unis au bénéfice d’Israël ; la guerre de Libye, la seconde ; la guerre par personnes interposées contre la Syrie, la troisième. Ces guerres ont détruit les adversaires d’Israël ou sont en passe de les détruire. En 2011, les sanctions économiques destinées à créer de l’agitation intérieure en Iran ont été la principale arme sélectionnée. La campagne pour les sanctions internationales a mobilisé toute l’énergie des lobbys sionistes. Ils n’ont rencontré aucune résistance dans les médias dominants, ni au Congrès, ni dans les bureaux de la Maison-Blanche. La Configuration de Pouvoir Sioniste (CPS) n’a pas été l’objet de la moindre critique de la part des groupuscules, mouvements ou journaux de la gauche progressiste, à part quelques notables exceptions.
Le repositionnement des troupes étasuniennes de l’Irak aux frontières de l’Iran, les sanctions et l’influence grandissante de la cinquième colonne israélienne aux États-Unis signifie que la guerre va s’étendre aux Moyen-Orient. Cela implique sans doute une attaque aérienne « surprise » de missiles par les forces étasuniennes. Elle sera justifiée par une prétendue « attaque nucléaire imminente » inventée par le Mossad israélien et transmise dans les termes exacts par le CPS à ses laquais du Congrès étasunien et de la Maison-Blanche pour être officialisée et diffusée au monde entier. Ce sera une guerre meurtrière, sanglante et longue au profit d’Israël ; les États-Unis en paieront le prix militaire direct et le reste du monde paiera un prix économique élevé. La guerre étasunienne fomentée par les sionistes fera évoluer la récession du début de 2012 en une profonde dépression vers la fin de l’année et provoquera sans doute des soulèvements populaires massifs.
Conclusion
Tout indique que 2012 sera une année déterminante dans la crise économique dévastatrice qui s’étend de l’Europe et des États-Unis vers l’Asie et leurs états-clients d’Afrique et d’Amérique Latine. La crise sera vraiment mondiale. Les conflits entre les pays impérialistes et les guerres coloniales saperont touts les efforts pour mettre fin à la crise. En réaction, des mouvements de masse verront le jour et les manifestations et les soulèvements se transformeront avec le temps, espérons-le, en révolutions sociales qui amèneront un changement du pouvoir politique.
James Petras, ancien professeur de Sociologie à l’université de Binghamton, New York, conseille les personnes qui n’ont ni terre ni travail au Brésil et en Argentine. Il a co-écrit Globalization Unmasked (Zed Books).
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Re: 2012 une vision d'apocalypse
2012 l'année de tous les dangers
C’est un euphémisme de dire que les prévisions pour 2012 sont pessimistes. Moins de ressources, plus d’emprunts, explosion de la résistance citoyenne, paralysie des Etats et des institutions internationales, gesticulations de plus en plus irrationnelles du marché, pris en tenaille entre les intérêts des bailleurs -- spéculateurs et les créditeurs. Tandis que les USA et l’UE se mêlent les pédales dans leurs propres écritures comptables destinés à amuser leur dette (refusant encore et toujours de chambouler un système qui les met à genoux) les quatre vaches laitières dites pays émergeants (Chine, Brésil, Russie, Inde) donnent des signes de grosse fatigue : les prévision de croissance se situent entre 4 et 5 %, loin des 9 -10 % auxquels on était habitués.
Cette croissance n’était pas autre chose que le résultat des libertés que prennent ces pays avec le coût réel du Travail et des règles élémentaires du commerce international (libertés desquels jusque là le reste du monde s’accommodait très bien, et pour cause). Or, les choses se corsent : la contestation interne enfle et la demande externe s’essouffle. Sans oublier que Washington, mais aussi Londres, Paris, Berlin et par conséquent Bruxelles, cherchent à juguler ces pays considérés à nouveau à cause de la crise comme un péril et que les règles protectionnistes sont, discrètement, mises en place. On se rappelle enfin que la Chine et l’Inde ne jouent pas le jeu, et caracolent au sommet du championnat de la contrefaçon. Leurs pratiques néocoloniales et anticoncurrentielles envers les pays tiers, en Afrique et en Amérique Latine sont ouvertement condamnées… Voilà qu’à Washington réapparaissent les théories de confinement-encerclement de l’ogre chinois.
Pour pimenter encore plus le tableau, les prévisionnistes affirment que la crise de l’euro, de l’UE et l’impasse budgétaire US ne sont rien comparés à la crise japonaise qui pointe son nez : Si la dette en Europe tourne autour de 80-90 % du PIB, au Japon elle se situe à 200 % (près de 11.000 milliards) et surtout, Tokyo doit honorer en 2012 près de quatre mille milliards, mission impossible pour les mécanismes internes de recherche de crédits.
A la périphérie, qu’elle soit asiatique (Thaïlande) aux portes de l’Europe (Turquie) ou en Europe même (Tchéquie, Pologne), la demande (ou plutôt le manque de demande) sape le peu de croissance, et le sud européen se dirige allégrement vers une récession sans précédent (Espagne, Italie, Grèce, Portugal), victime des plans d’austérité imposés par le duo infernal (France -- Allemagne) aux ordres du « marché ». Ils oublient entre temps que la dette de ces pays a été une génératrice de monnaie importante de la décennie précédente et le destinataire de la production européenne (et pas seulement). Au point que certains acteurs de l’économie réelle, en Allemagne en particulier, s’en vont demander à leur Première ossie à qui donc vont-ils fourguer leurs Golfs, leurs Mercedes et autres scanners Siemens.
Les prédateurs institutionnels, qu’ils logent à la City, à Wall Street ou à Austin (Texas), les flibustiers du capitalisme du désastre chers à Friedmann, avaient misé sur l’Iraq, l’Afghanistan ou la Nouvelle Orléans pour se refaire une santé, tout en imposant leur vision néolibérale du monde. Aujourd’hui, ils déchantent : moins de 5% de ce qu’ils considéraient comme leur terrain de chasse, la « reconstruction » de l’Iraq (représentant près de deux cent milliards de dollars), leur incombe. Et ce pourcentage diminuera encore plus avec le départ du dernier marine américain. Les milliards dépensés pour la corruption des « nouvelles élites » iraquiennes auront été de l’argent jette par la fenêtre : selon l’ONU près de dix milliards « investis » à Bagdad sont désormais « introuvables ». Comme quoi, il existe toujours plus malin que soi. Il en est de même en Afghanistan, et rien n’indique qu’il en sera autrement en Libye. L’administration Karzaï (si l’on peut appeler « administration » ce club de féodaux producteurs d’opium qui « dirige » le pays), devient de plus en plus pressante : exiger plus pour avoir plus à une coalition sur le départ après avoir « magistralement réussi » tous ces objectifs et dont le plus impératif, couper la voie du pétrole de l’Asie centrale à la Chine, tourne au fiasco absolu. Dix ans après l’intervention, on se dirige, tous feux éteints, vers un pouvoir taliban – ISI (services « secrets » pakistanais) et un oléoduc du côté de Gwadar alimentant le Pakistan.
Cependant, il n’y a rien de mieux que de continuer une politique qui échoue. On fait semblant de croire que les grecs, les portugais ou les espagnols sont des chiliens, que 2012 c’est 1973 ; que l’Iran c’est l’Iraq, que les détroits d’Ormuz c’est Grenade…
Vous avez aimé les conflits pétroliers, la guerre de cent ans indo-pakistanaise (à laquelle nous avons allégrement participé), vous allez adorer celles qui se préparent en 2012 entre l’Egypte, le Soudan, et les pays africains du Nil ; celui qui se trame pour les eaux de l’Euphrate (Otez-moi ce barrage anatolien qui m’affame) ; le Mékong, Amour, Amou Daria et Syr-Daria (et tant d’autres), autant de mèches allumées déjà et que la crise, l’essoufflement des empires et le renouveau nationaliste ne pourront (ou ne voudront) éteindre.
I Phone, les avancées sur le génome, jeux vidéo, médias, images formatées et discours qui le sont autant, veulent toujours faire illusion sur un monde « Under control » uniforme. Les vieux routiers de la politique, les malins de la finance, croient toujours pouvoir faire comme si rien n’était. Ils préparent des nouveaux traités croyant toujours qu’ils traitent et gèrent la réalité : moins de démocratie, plus de contrôles et de sanctions, pour imposer leurs choix budgétaires. Ils ouvrent inlassablement des nouveaux fronts, pour faire oublier ceux qu’ils abandonnent. Ils créent ainsi, chaque jour un peu plus, un monde centrifuge et entropique, allument des feux partout se croyant pourtant les pompiers du monde. L’anarchie environnementale s’installe tandis que le déficit américain -- mère de tous les maux -, génère, ici et partout ailleurs, des cohortes de chômeurs et le spectre de la fin du citoyen – consommateur. Il y a quelques jours, Naomi Klein déclarait que le mouvement de Occupy Wall Street était en 2011 « la chose la plus importante au monde ». Elle n’avait pas tort, à condition de voir ce mouvement comme une force globale qui, certes consciente d’une injustice économique, en voit surtout un système hors de contrôle, générant une année 2012 de tous les dangers. Nietzsche l’avait dit autrement : « Le préjugé fondamental est de croire que l’ordre, la clarté, la méthode doivent tenir à être le vrai des choses, alors qu’au contraire le désordre, le chaos, l’imprévu n’apparaissent que dans un monde faux. Il ne s’agit là d’un préjugé moral ». Tandis que le physicien Ilia Prigogine ajoutait -- et c’est là l’essentiel que devraient assumer les Merkel, Sarkozy et autres Poutine - : « les promoteurs de l’ordre ne sont que des créateurs de désordre ».
Le grand corps malade global est certes infecté d’une contradiction quotidienne entre un désir d’ordre et une pratique généralisée du désordre. Alzheimer ayant rejoint le Cancer, l’instant ayant remplacé l’Histoire, les dirigeants modernes oublient désormais que c’est la connaissance du passé et l’espoir d’un futur meilleur qui sont les moteurs essentiels de l’humanité. En occultant l’un et l’autre ils créent un mode sordide, une dystopie inhabitable, un non sens, qu’il faudra bien affronter en 2012.
Michel Koutouzis
Source : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/2012-l-annee-de-tous-les-dangers-107129
C’est un euphémisme de dire que les prévisions pour 2012 sont pessimistes. Moins de ressources, plus d’emprunts, explosion de la résistance citoyenne, paralysie des Etats et des institutions internationales, gesticulations de plus en plus irrationnelles du marché, pris en tenaille entre les intérêts des bailleurs -- spéculateurs et les créditeurs. Tandis que les USA et l’UE se mêlent les pédales dans leurs propres écritures comptables destinés à amuser leur dette (refusant encore et toujours de chambouler un système qui les met à genoux) les quatre vaches laitières dites pays émergeants (Chine, Brésil, Russie, Inde) donnent des signes de grosse fatigue : les prévision de croissance se situent entre 4 et 5 %, loin des 9 -10 % auxquels on était habitués.
Cette croissance n’était pas autre chose que le résultat des libertés que prennent ces pays avec le coût réel du Travail et des règles élémentaires du commerce international (libertés desquels jusque là le reste du monde s’accommodait très bien, et pour cause). Or, les choses se corsent : la contestation interne enfle et la demande externe s’essouffle. Sans oublier que Washington, mais aussi Londres, Paris, Berlin et par conséquent Bruxelles, cherchent à juguler ces pays considérés à nouveau à cause de la crise comme un péril et que les règles protectionnistes sont, discrètement, mises en place. On se rappelle enfin que la Chine et l’Inde ne jouent pas le jeu, et caracolent au sommet du championnat de la contrefaçon. Leurs pratiques néocoloniales et anticoncurrentielles envers les pays tiers, en Afrique et en Amérique Latine sont ouvertement condamnées… Voilà qu’à Washington réapparaissent les théories de confinement-encerclement de l’ogre chinois.
Pour pimenter encore plus le tableau, les prévisionnistes affirment que la crise de l’euro, de l’UE et l’impasse budgétaire US ne sont rien comparés à la crise japonaise qui pointe son nez : Si la dette en Europe tourne autour de 80-90 % du PIB, au Japon elle se situe à 200 % (près de 11.000 milliards) et surtout, Tokyo doit honorer en 2012 près de quatre mille milliards, mission impossible pour les mécanismes internes de recherche de crédits.
A la périphérie, qu’elle soit asiatique (Thaïlande) aux portes de l’Europe (Turquie) ou en Europe même (Tchéquie, Pologne), la demande (ou plutôt le manque de demande) sape le peu de croissance, et le sud européen se dirige allégrement vers une récession sans précédent (Espagne, Italie, Grèce, Portugal), victime des plans d’austérité imposés par le duo infernal (France -- Allemagne) aux ordres du « marché ». Ils oublient entre temps que la dette de ces pays a été une génératrice de monnaie importante de la décennie précédente et le destinataire de la production européenne (et pas seulement). Au point que certains acteurs de l’économie réelle, en Allemagne en particulier, s’en vont demander à leur Première ossie à qui donc vont-ils fourguer leurs Golfs, leurs Mercedes et autres scanners Siemens.
Les prédateurs institutionnels, qu’ils logent à la City, à Wall Street ou à Austin (Texas), les flibustiers du capitalisme du désastre chers à Friedmann, avaient misé sur l’Iraq, l’Afghanistan ou la Nouvelle Orléans pour se refaire une santé, tout en imposant leur vision néolibérale du monde. Aujourd’hui, ils déchantent : moins de 5% de ce qu’ils considéraient comme leur terrain de chasse, la « reconstruction » de l’Iraq (représentant près de deux cent milliards de dollars), leur incombe. Et ce pourcentage diminuera encore plus avec le départ du dernier marine américain. Les milliards dépensés pour la corruption des « nouvelles élites » iraquiennes auront été de l’argent jette par la fenêtre : selon l’ONU près de dix milliards « investis » à Bagdad sont désormais « introuvables ». Comme quoi, il existe toujours plus malin que soi. Il en est de même en Afghanistan, et rien n’indique qu’il en sera autrement en Libye. L’administration Karzaï (si l’on peut appeler « administration » ce club de féodaux producteurs d’opium qui « dirige » le pays), devient de plus en plus pressante : exiger plus pour avoir plus à une coalition sur le départ après avoir « magistralement réussi » tous ces objectifs et dont le plus impératif, couper la voie du pétrole de l’Asie centrale à la Chine, tourne au fiasco absolu. Dix ans après l’intervention, on se dirige, tous feux éteints, vers un pouvoir taliban – ISI (services « secrets » pakistanais) et un oléoduc du côté de Gwadar alimentant le Pakistan.
Cependant, il n’y a rien de mieux que de continuer une politique qui échoue. On fait semblant de croire que les grecs, les portugais ou les espagnols sont des chiliens, que 2012 c’est 1973 ; que l’Iran c’est l’Iraq, que les détroits d’Ormuz c’est Grenade…
Vous avez aimé les conflits pétroliers, la guerre de cent ans indo-pakistanaise (à laquelle nous avons allégrement participé), vous allez adorer celles qui se préparent en 2012 entre l’Egypte, le Soudan, et les pays africains du Nil ; celui qui se trame pour les eaux de l’Euphrate (Otez-moi ce barrage anatolien qui m’affame) ; le Mékong, Amour, Amou Daria et Syr-Daria (et tant d’autres), autant de mèches allumées déjà et que la crise, l’essoufflement des empires et le renouveau nationaliste ne pourront (ou ne voudront) éteindre.
I Phone, les avancées sur le génome, jeux vidéo, médias, images formatées et discours qui le sont autant, veulent toujours faire illusion sur un monde « Under control » uniforme. Les vieux routiers de la politique, les malins de la finance, croient toujours pouvoir faire comme si rien n’était. Ils préparent des nouveaux traités croyant toujours qu’ils traitent et gèrent la réalité : moins de démocratie, plus de contrôles et de sanctions, pour imposer leurs choix budgétaires. Ils ouvrent inlassablement des nouveaux fronts, pour faire oublier ceux qu’ils abandonnent. Ils créent ainsi, chaque jour un peu plus, un monde centrifuge et entropique, allument des feux partout se croyant pourtant les pompiers du monde. L’anarchie environnementale s’installe tandis que le déficit américain -- mère de tous les maux -, génère, ici et partout ailleurs, des cohortes de chômeurs et le spectre de la fin du citoyen – consommateur. Il y a quelques jours, Naomi Klein déclarait que le mouvement de Occupy Wall Street était en 2011 « la chose la plus importante au monde ». Elle n’avait pas tort, à condition de voir ce mouvement comme une force globale qui, certes consciente d’une injustice économique, en voit surtout un système hors de contrôle, générant une année 2012 de tous les dangers. Nietzsche l’avait dit autrement : « Le préjugé fondamental est de croire que l’ordre, la clarté, la méthode doivent tenir à être le vrai des choses, alors qu’au contraire le désordre, le chaos, l’imprévu n’apparaissent que dans un monde faux. Il ne s’agit là d’un préjugé moral ». Tandis que le physicien Ilia Prigogine ajoutait -- et c’est là l’essentiel que devraient assumer les Merkel, Sarkozy et autres Poutine - : « les promoteurs de l’ordre ne sont que des créateurs de désordre ».
Le grand corps malade global est certes infecté d’une contradiction quotidienne entre un désir d’ordre et une pratique généralisée du désordre. Alzheimer ayant rejoint le Cancer, l’instant ayant remplacé l’Histoire, les dirigeants modernes oublient désormais que c’est la connaissance du passé et l’espoir d’un futur meilleur qui sont les moteurs essentiels de l’humanité. En occultant l’un et l’autre ils créent un mode sordide, une dystopie inhabitable, un non sens, qu’il faudra bien affronter en 2012.
Michel Koutouzis
Source : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/2012-l-annee-de-tous-les-dangers-107129
Geoff- Modérateur
- Date d'inscription : 18/02/2012
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Re: 2012 une vision d'apocalypse
La très célèbre revue scientifique Popular Science, créée en 1872, a publié en octobre 1936 un article intitulé: "Comment la fin du monde arrivera"...
Le pdf du magazine : http://eu.joliprint.com/api/rest/url/print?url=http%3A%2F%2Fowni.fr%2F2010%2F02%2F17%2Fles-magazines-sur-google-books-%25e2%2580%2593-l%25e2%2580%2599exemple-de-popular-science%2F&disposition=attachment
130 ans de fin du monde dans « Popular Science »
Le magazine américain de vulgarisation scientifique « Popular Science », une sorte d’équivalent de notre « Science & vie », vient de mettre la totalité de ses archives en ligne en partenariat avec Google Book. Pour faire simple, cela correspond à la possibilité d’effectuer des recherches « full text » dans les près de 1 500 numéros parus à ce jour !
Les mots-clés « end of the world » donnent une vingtaine de résultats, très peu de bruit, et une frise chronologique, comme on dit maintenant en primaire, bien représentative du zeitgeist des périodes parcourues. Je vous propose donc un rapide voyage dans le temps et l’apocalypse de janvier 1891 à février 2009.
Janvier 1881
PopSci, comme on ne l’appelle pas encore, est né depuis maintenant presque dix ans, il traite bien sûr, de vulgarisation scientifique (les typhons japonais), d’inventions (les moteurs domestiques), et de religion. La 1ère citation de « la fin du monde » apparait en effet dans un article sur le Sabbat du professeur John Tyndall, qui traite très doctement du jour de repos (normalement du vendredi soir au samedi) et du rôle du dimanche. « La fin du monde » est alors citée comme date de fin du jour du Seigneur.
Septembre 1892
C’est toujours de religion dont il s’agit et du débat qui agita l’église à propos de la ‘sphéricité ’ de la Terre.
La citation de « La fin du monde » est elle-même une citation d’un autre livre.
Mars 1902
La religion cède sa place aux sciences sociales, et le professeur W.G.Summer (de Yale) nous livre un article passionnant « Suicidal fanaticism in Russia » sur des sectes russes apocalyptiques qui pratique le suicide en dernier recours. « La fin du monde » est un des thèmes abordés, avec la guerre et le service militaire par une dénommée Vitalia, à la tête d’un de ces mouvements religieux.
Aout 1939
Après un assez long bond dans le futur, nous voici en plein début de conflit planétaire. C’est le moment choisi pour le 1er véritable article sur la fin du monde. Intitulé « Comment le monde finira ? », il s’appui sur une exposition du Field planetarium du Franklin Institute de Philadephie pour passer en revue les hypothèses scientifiques apocalyptiques du moment : Réchauffement (déjà), collision (avec un météore), refroidissement ou explosion du à un rapprochement dramatique de la Lune. On remarquera les illustrations qui semblent sorties tout droit d’un fascicule des Témoins de Jehova et la conclusion qui évoque l’exode des terriens vers une autre planète en vaisseaux spatiaux.
Octobre 1946
Sorte de copier/coller de l’article précédent, celui-ci aborde cette fois 5 scénarios catastrophes (réchauffement, glaciation, collision d’une étoile avec le soleil, collision de la Terre avec un NEO ou avec la Lune). L’exposition qui sert ici de prétexte est celle du Hayden Planétarium de New York et l’article s’attache également à présenter la machinerie mise au point par les showmen du planétarium pour rendre le spectacle spectaculaire et inoubliable, l’article est d’ailleurs titré « Ces machines qui « détruisent » la Terre ». On notera au passage que l’exposition inaugurée en 1939, avait été rangée dans les placards pendant la durée de la Seconde Guerre mondiale.
Juillet 1961
« Vérités et mensonges sur la 3ème guerre mondiale », bienvenue en 1961, la guerre froide, la crise des missiles de Cuba, tout ça, tout ça. PopSci s’appuie cette fois-ci sur un livre « De la guerre thermonucléaire » écrit par Herman Kahn, un faucon de l’époque, mathématicien et conseiller scientifique du gouvernement américain. L’article transpire à chaque ligne la paranoïa et fait, rétrospectivement froid dans le dos. Extraits :
* War Game
« Vous êtes le président des États-Unis, un de vos conseillers arrive dans votre bureau livide. Leningrad vient d’être rayé de la carte. Il semblerait que le missile vienne d’Allemagne de l’Oue. Accident ? Sabotage, Ruse soviétique ? Qui sait ?
L’ambassadeur russe est en ligne : la situation est intolérable, l’Europe doit se désarmer entièrement et se soumettre à la domination soviétique. Pareil pour l’Asie et l’Afrique. En 24 heures !
Pour prouver qu’ils ne bluffent pas, les Russes vont détruire Francfort et Rome.
Le téléphone sonne, Francfort et Rome n’existent plus.
Vous êtes le président, que faites-vous ? »
* Comment gagner une guerre atomique
« Imaginez que nous soyons touchés par 500 grosses bombes (atomiques). C’est assez pour raser – détruire totalement – chacune de nos 53 plus grandes villes (de New York et sa banlieue jusqu’à New Britain Bristol dans le Connecticut). C’est notre pays A, il contient un tiers de la population totale, la moitié de nos richesses, plus de la moitié de nos usines et les trois quarts de notre industrie d’armement. Supposez tout cela anéanti.
Est-ce qu’un tel désastre signifierait obligatoirement la fin définitive des États-Unis d’Amérique ? Pas sur. Si notre pays A a disparu, notre pays B est toujours là : deux tiers de la population, la moitié de la richesse, presque la moitié des usines. Avec de la chance, le pays B peut reconstruire le pays A en 10 ans.
Vous n’y croyez pas. Pourtant, les Russes l’ont déjà fait. La Seconde Guerre mondiale a détruit l’équivalent du pays A russe, de 20 à 30 millions de personnes tuées, un tiers de la richesse nationale annihilée. Les Russes ont rebondi, en six ans leur PNB est revenu au niveau d’avant-guerre et il continue de grimper. »
Le chapeau de l’article précise « Vous serez peut-être violemment en désaccord avec le contenu de ce livre, de nombreux experts le sont (…), mais ses idées sont si brillamment fraiches, ses conclusions si impressionnantes que les éditeurs de Popular Science considèrent l’article suivant (…) comme l’un des plus importants que ce magazine n’ait jamais publié. »
Une chose est sure, les Russes n’avaient pas le monopole de la propagande
Aout 1962
Plus pessimiste que l’article précédent, « Man’s last big blast » s’attache au problème de la course à la puissance des armements nucléaires. La bombe H a remplacée la bombe A, aussi bien chez les Russes que chez les Américains, et PopSci pense voir arriver à moyen terme les Doomsday bomb, des bombes capables de détruire la Terre entière. Le magazine se penche aussi bien sur les aspects scientifiques, comment de tels engins fonctionneraient que les implications géostratégiques.
Mai 1972
Le sujet ne semble plus trop à la mode, car la fin du monde doit se contenter d’une petite brève, de plus complètement décalée, puisqu’elle annonce que le Centre National d’Information sur les Tremblements de Terre se sépare de son vieux globe terrestre qui lui servait pour localiser les séismes. LOL
Juillet 1997
Il faut attendre la veille du nouveau millénaire, pour voir resurgir une occurrence de « la fin du monde », est la encore, il s’agit d’une escroquerie, car l’article parle en fait de la fin de l’univers tel que le planifie deux astrophysiciens, Fred Adams et Greg Laughlin.
Mai 2004
Gros dossier sur « Hollywood, la science et la fin du monde » grâce à l’incontournable Roland Emmerich et au « Jour d’après ». Dans un article très travaillé, le journaliste confronte les thèses du film au point de vue d’experts. Robert Alley professeur de géoscience à Penn state, Peter Ward Paléontologue, professeur des sciences de la Terre et de l’espace à l’université de Washington et Peter Schwartz, prévisionniste, consultant pour le Pentagone.
Si les trois oracles se gaussent un peu du côté tape à l’œil du film, ils confirment également à 100 % les faits scientifiques derrière le scénario.
Aout 2004
La fin du monde est bien citée, mais très brièvement lors d’une interview avec Arthur C. Clarke (2001, l’odyssée de l’espace). Celui-ci répond « Dans 20 ans » à chaque question du journaliste sur « quand arriveront, les ascenseurs spatiaux ou le tourisme interplanétaire ». « Quelle année ce sera ! Ah, mais nous la verrons peut-être pas, car la fin du monde risque d’arriver juste avant ».
Janvier 2008
Un article sur la biodiversité, les chercheurs qui œuvrent pour la préserver et qui mentionne bien sûr le Svalbard Global Seed Vault
(littéralement Chambre forte mondiale de graines du Svalbard)
Octobre 2008
Petit encadré sur la polémique « fin du monde » dans un long dossier sur le LHC.
Janvier 2009
Et enfin, une fausse occurrence, puisque pour ce dernier article « the end of the world » signifie ici le bout du monde, en fait, le pôle Nord.
Voila, fin du voyage, j’avoue être impatient de pouvoir faire une telle recherche dans le « Time » magazine ou « Newsweek ».
Source : http://www.la-fin-du-monde.fr/2010/03/130-ans-de-fin-du-monde-dans-%C2%AB-popular-science-%C2%BB/
Le pdf du magazine : http://eu.joliprint.com/api/rest/url/print?url=http%3A%2F%2Fowni.fr%2F2010%2F02%2F17%2Fles-magazines-sur-google-books-%25e2%2580%2593-l%25e2%2580%2599exemple-de-popular-science%2F&disposition=attachment
130 ans de fin du monde dans « Popular Science »
Le magazine américain de vulgarisation scientifique « Popular Science », une sorte d’équivalent de notre « Science & vie », vient de mettre la totalité de ses archives en ligne en partenariat avec Google Book. Pour faire simple, cela correspond à la possibilité d’effectuer des recherches « full text » dans les près de 1 500 numéros parus à ce jour !
Les mots-clés « end of the world » donnent une vingtaine de résultats, très peu de bruit, et une frise chronologique, comme on dit maintenant en primaire, bien représentative du zeitgeist des périodes parcourues. Je vous propose donc un rapide voyage dans le temps et l’apocalypse de janvier 1891 à février 2009.
Janvier 1881
PopSci, comme on ne l’appelle pas encore, est né depuis maintenant presque dix ans, il traite bien sûr, de vulgarisation scientifique (les typhons japonais), d’inventions (les moteurs domestiques), et de religion. La 1ère citation de « la fin du monde » apparait en effet dans un article sur le Sabbat du professeur John Tyndall, qui traite très doctement du jour de repos (normalement du vendredi soir au samedi) et du rôle du dimanche. « La fin du monde » est alors citée comme date de fin du jour du Seigneur.
Septembre 1892
C’est toujours de religion dont il s’agit et du débat qui agita l’église à propos de la ‘sphéricité ’ de la Terre.
La citation de « La fin du monde » est elle-même une citation d’un autre livre.
Mars 1902
La religion cède sa place aux sciences sociales, et le professeur W.G.Summer (de Yale) nous livre un article passionnant « Suicidal fanaticism in Russia » sur des sectes russes apocalyptiques qui pratique le suicide en dernier recours. « La fin du monde » est un des thèmes abordés, avec la guerre et le service militaire par une dénommée Vitalia, à la tête d’un de ces mouvements religieux.
Aout 1939
Après un assez long bond dans le futur, nous voici en plein début de conflit planétaire. C’est le moment choisi pour le 1er véritable article sur la fin du monde. Intitulé « Comment le monde finira ? », il s’appui sur une exposition du Field planetarium du Franklin Institute de Philadephie pour passer en revue les hypothèses scientifiques apocalyptiques du moment : Réchauffement (déjà), collision (avec un météore), refroidissement ou explosion du à un rapprochement dramatique de la Lune. On remarquera les illustrations qui semblent sorties tout droit d’un fascicule des Témoins de Jehova et la conclusion qui évoque l’exode des terriens vers une autre planète en vaisseaux spatiaux.
Octobre 1946
Sorte de copier/coller de l’article précédent, celui-ci aborde cette fois 5 scénarios catastrophes (réchauffement, glaciation, collision d’une étoile avec le soleil, collision de la Terre avec un NEO ou avec la Lune). L’exposition qui sert ici de prétexte est celle du Hayden Planétarium de New York et l’article s’attache également à présenter la machinerie mise au point par les showmen du planétarium pour rendre le spectacle spectaculaire et inoubliable, l’article est d’ailleurs titré « Ces machines qui « détruisent » la Terre ». On notera au passage que l’exposition inaugurée en 1939, avait été rangée dans les placards pendant la durée de la Seconde Guerre mondiale.
Juillet 1961
« Vérités et mensonges sur la 3ème guerre mondiale », bienvenue en 1961, la guerre froide, la crise des missiles de Cuba, tout ça, tout ça. PopSci s’appuie cette fois-ci sur un livre « De la guerre thermonucléaire » écrit par Herman Kahn, un faucon de l’époque, mathématicien et conseiller scientifique du gouvernement américain. L’article transpire à chaque ligne la paranoïa et fait, rétrospectivement froid dans le dos. Extraits :
* War Game
« Vous êtes le président des États-Unis, un de vos conseillers arrive dans votre bureau livide. Leningrad vient d’être rayé de la carte. Il semblerait que le missile vienne d’Allemagne de l’Oue. Accident ? Sabotage, Ruse soviétique ? Qui sait ?
L’ambassadeur russe est en ligne : la situation est intolérable, l’Europe doit se désarmer entièrement et se soumettre à la domination soviétique. Pareil pour l’Asie et l’Afrique. En 24 heures !
Pour prouver qu’ils ne bluffent pas, les Russes vont détruire Francfort et Rome.
Le téléphone sonne, Francfort et Rome n’existent plus.
Vous êtes le président, que faites-vous ? »
* Comment gagner une guerre atomique
« Imaginez que nous soyons touchés par 500 grosses bombes (atomiques). C’est assez pour raser – détruire totalement – chacune de nos 53 plus grandes villes (de New York et sa banlieue jusqu’à New Britain Bristol dans le Connecticut). C’est notre pays A, il contient un tiers de la population totale, la moitié de nos richesses, plus de la moitié de nos usines et les trois quarts de notre industrie d’armement. Supposez tout cela anéanti.
Est-ce qu’un tel désastre signifierait obligatoirement la fin définitive des États-Unis d’Amérique ? Pas sur. Si notre pays A a disparu, notre pays B est toujours là : deux tiers de la population, la moitié de la richesse, presque la moitié des usines. Avec de la chance, le pays B peut reconstruire le pays A en 10 ans.
Vous n’y croyez pas. Pourtant, les Russes l’ont déjà fait. La Seconde Guerre mondiale a détruit l’équivalent du pays A russe, de 20 à 30 millions de personnes tuées, un tiers de la richesse nationale annihilée. Les Russes ont rebondi, en six ans leur PNB est revenu au niveau d’avant-guerre et il continue de grimper. »
Le chapeau de l’article précise « Vous serez peut-être violemment en désaccord avec le contenu de ce livre, de nombreux experts le sont (…), mais ses idées sont si brillamment fraiches, ses conclusions si impressionnantes que les éditeurs de Popular Science considèrent l’article suivant (…) comme l’un des plus importants que ce magazine n’ait jamais publié. »
Une chose est sure, les Russes n’avaient pas le monopole de la propagande
Aout 1962
Plus pessimiste que l’article précédent, « Man’s last big blast » s’attache au problème de la course à la puissance des armements nucléaires. La bombe H a remplacée la bombe A, aussi bien chez les Russes que chez les Américains, et PopSci pense voir arriver à moyen terme les Doomsday bomb, des bombes capables de détruire la Terre entière. Le magazine se penche aussi bien sur les aspects scientifiques, comment de tels engins fonctionneraient que les implications géostratégiques.
Mai 1972
Le sujet ne semble plus trop à la mode, car la fin du monde doit se contenter d’une petite brève, de plus complètement décalée, puisqu’elle annonce que le Centre National d’Information sur les Tremblements de Terre se sépare de son vieux globe terrestre qui lui servait pour localiser les séismes. LOL
Juillet 1997
Il faut attendre la veille du nouveau millénaire, pour voir resurgir une occurrence de « la fin du monde », est la encore, il s’agit d’une escroquerie, car l’article parle en fait de la fin de l’univers tel que le planifie deux astrophysiciens, Fred Adams et Greg Laughlin.
Mai 2004
Gros dossier sur « Hollywood, la science et la fin du monde » grâce à l’incontournable Roland Emmerich et au « Jour d’après ». Dans un article très travaillé, le journaliste confronte les thèses du film au point de vue d’experts. Robert Alley professeur de géoscience à Penn state, Peter Ward Paléontologue, professeur des sciences de la Terre et de l’espace à l’université de Washington et Peter Schwartz, prévisionniste, consultant pour le Pentagone.
Si les trois oracles se gaussent un peu du côté tape à l’œil du film, ils confirment également à 100 % les faits scientifiques derrière le scénario.
Aout 2004
La fin du monde est bien citée, mais très brièvement lors d’une interview avec Arthur C. Clarke (2001, l’odyssée de l’espace). Celui-ci répond « Dans 20 ans » à chaque question du journaliste sur « quand arriveront, les ascenseurs spatiaux ou le tourisme interplanétaire ». « Quelle année ce sera ! Ah, mais nous la verrons peut-être pas, car la fin du monde risque d’arriver juste avant ».
Janvier 2008
Un article sur la biodiversité, les chercheurs qui œuvrent pour la préserver et qui mentionne bien sûr le Svalbard Global Seed Vault
(littéralement Chambre forte mondiale de graines du Svalbard)
Octobre 2008
Petit encadré sur la polémique « fin du monde » dans un long dossier sur le LHC.
Janvier 2009
Et enfin, une fausse occurrence, puisque pour ce dernier article « the end of the world » signifie ici le bout du monde, en fait, le pôle Nord.
Voila, fin du voyage, j’avoue être impatient de pouvoir faire une telle recherche dans le « Time » magazine ou « Newsweek ».
Source : http://www.la-fin-du-monde.fr/2010/03/130-ans-de-fin-du-monde-dans-%C2%AB-popular-science-%C2%BB/
Geoff- Modérateur
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