Pourquoi le succès de l'opération grecque est un échec
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Pourquoi le succès de l'opération grecque est un échec
Pourquoi le succès de l'opération grecque est un échec
Par Marc Fiorentino, Monfinancier.com
L'opération d'échange a réussi, au-delà des espérances. Mais le cas grec créé un précédent pour les autres pays surendettés de la zone euro. Pourquoi pas nous ? Voilà ce que l'on risque d'entendre partout désormais...
Le deal Grec est un "succès". C'est ce qu'on entend et qu'on lit partout. La barre des 75% a été dépassée. Largement. Et on se réjouit. On a gagné quelques mois. Mais si on prend un peu de recul, la lecture de ce "succès" est une incitation à la triche et à l'absence d'effort. Et les autres pays européens en crise sont en droit de demander le même traitement de faveur.
Elle est pas belle la vie? Vous falsifiez vos comptes, vous présentez un faux bilan, vous ne payez pas vos impôts, vous vivez largement au-dessus de vos moyens à crédit et on vous fait des cadeaux: on vous annule plus de 50% de votre dette et on prête 250 milliards d'euros à un taux préférentiel que vous ne rembourserez jamais.
Une prime aux tricheurs
J’aimerais apporter une autre lecture, une autre version de ce qui vient de se passer pour la Grèce. Car à force d'être le nez dans le guidon on oublie parfois de mettre les évènements en perspective. Qu'est ce qu'il s’est réellement produit ? Un pays qui a triché et falsifié ses comptes pour entrer dans la zone euro, dont les entreprises et les habitants aisés n'ont jamais payé leurs impôts et qui a vécu à crédit depuis des dizaines d'années vient de recevoir deux cadeaux: un, par un coup de baguette magique, on annule plus de 50% de se dette. Comme cela. Et tout le monde a accepté ou presque. Et en plus on lui prête à nouveau près de 250 milliards d'euros à des conditions préférentielles.
Pourquoi pas nous ?
Tout cela contre des sacrifices importants et une austérité drastique certes, mais le Portugal fait aussi des efforts, l'Espagne fait aussi des efforts, l'Irlande s'est mise au pain sec, l'Italie fait une totale révolution et eux doivent payer leurs dettes. 100% de leurs dettes. Aucun cadeau. Pas d'abandon de créances. Rien. On leur demande de tout rembourser jusqu'au dernier centime. Parce qu'on a les yeux rivés sur le court terme, on se réjouit du succès du deal grec. Pour que la bourse puisse tenir quelques semaines et qu'on gagne encore du temps. Je pense que les autres pays, et surtout leurs habitants à qui on demande des sacrifices, vont raisonner de la même façon. Et vont dire pourquoi pas nous ?
Je pense qu'il doit y avoir un effet d'entraînement. Pourquoi accorder à la Grèce un traitement privilégié et pas aux autres pays en crise. Quelles que soient les ruses utilisées par la Banque Centrale Européenne, la situation de fond n'a pas changé: les pays européens en crise ont une dette trop importante qu'ils ne pourront ni rembourser ni supporter sans sacrifier leur croissance et leur emploi. La soi-disant succès de l'opération grecque est une incitation à la mauvaise gestion financière. Les autres pays sont en droit de demander le même traitement. Si on a restructuré la dette grecque, il faut restructurer toutes les dettes européennes.
Source : http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20120309trib000687333/pourquoi-le-succes-de-l-operation-grecque-est-un-echec.html
Par Marc Fiorentino, Monfinancier.com
L'opération d'échange a réussi, au-delà des espérances. Mais le cas grec créé un précédent pour les autres pays surendettés de la zone euro. Pourquoi pas nous ? Voilà ce que l'on risque d'entendre partout désormais...
Le deal Grec est un "succès". C'est ce qu'on entend et qu'on lit partout. La barre des 75% a été dépassée. Largement. Et on se réjouit. On a gagné quelques mois. Mais si on prend un peu de recul, la lecture de ce "succès" est une incitation à la triche et à l'absence d'effort. Et les autres pays européens en crise sont en droit de demander le même traitement de faveur.
Elle est pas belle la vie? Vous falsifiez vos comptes, vous présentez un faux bilan, vous ne payez pas vos impôts, vous vivez largement au-dessus de vos moyens à crédit et on vous fait des cadeaux: on vous annule plus de 50% de votre dette et on prête 250 milliards d'euros à un taux préférentiel que vous ne rembourserez jamais.
Une prime aux tricheurs
J’aimerais apporter une autre lecture, une autre version de ce qui vient de se passer pour la Grèce. Car à force d'être le nez dans le guidon on oublie parfois de mettre les évènements en perspective. Qu'est ce qu'il s’est réellement produit ? Un pays qui a triché et falsifié ses comptes pour entrer dans la zone euro, dont les entreprises et les habitants aisés n'ont jamais payé leurs impôts et qui a vécu à crédit depuis des dizaines d'années vient de recevoir deux cadeaux: un, par un coup de baguette magique, on annule plus de 50% de se dette. Comme cela. Et tout le monde a accepté ou presque. Et en plus on lui prête à nouveau près de 250 milliards d'euros à des conditions préférentielles.
Pourquoi pas nous ?
Tout cela contre des sacrifices importants et une austérité drastique certes, mais le Portugal fait aussi des efforts, l'Espagne fait aussi des efforts, l'Irlande s'est mise au pain sec, l'Italie fait une totale révolution et eux doivent payer leurs dettes. 100% de leurs dettes. Aucun cadeau. Pas d'abandon de créances. Rien. On leur demande de tout rembourser jusqu'au dernier centime. Parce qu'on a les yeux rivés sur le court terme, on se réjouit du succès du deal grec. Pour que la bourse puisse tenir quelques semaines et qu'on gagne encore du temps. Je pense que les autres pays, et surtout leurs habitants à qui on demande des sacrifices, vont raisonner de la même façon. Et vont dire pourquoi pas nous ?
Je pense qu'il doit y avoir un effet d'entraînement. Pourquoi accorder à la Grèce un traitement privilégié et pas aux autres pays en crise. Quelles que soient les ruses utilisées par la Banque Centrale Européenne, la situation de fond n'a pas changé: les pays européens en crise ont une dette trop importante qu'ils ne pourront ni rembourser ni supporter sans sacrifier leur croissance et leur emploi. La soi-disant succès de l'opération grecque est une incitation à la mauvaise gestion financière. Les autres pays sont en droit de demander le même traitement. Si on a restructuré la dette grecque, il faut restructurer toutes les dettes européennes.
Source : http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20120309trib000687333/pourquoi-le-succes-de-l-operation-grecque-est-un-echec.html
Geoff- Modérateur
- Date d'inscription : 18/02/2012
Age : 39
Localisation : Wagadey, Jubbada Dhexe, Somalia
Re: Pourquoi le succès de l'opération grecque est un échec
La restructuration de la dette grecque est enfin sur les rails: alea jacta est
Ce n'est pas un triomphe, ni même une guérison. La Grèce va seulement sortir de la salle des urgences du défaut de paiement.
A Washington où siègent le FMI et l'Institute of International Finance qui représente les banques et à Bruxelles où les ministres des finances et banquiers centraux sont en réunion, le dépassement de la limite de 23 heures a eu un gout doux-amer. Pour essentiel que cette restructuration soit devenue, elle est en grande partie le résultat de leur inaction et de l'irresponsabilité européenne. Il ne faudrait pas tomber dans le triomphalisme. La gestion de la crise grecque est un gigantesque échec pour l'Eurozone.
Quelles que soient les informations disponibles, le chiffre d'acceptation continuait d'être erratique. Entre 65 et 95%. Ce sera finalement 85% qui émergera aux premières heures de l'aube. C'est incontestablement remarquable.
Le taux s’applique aux 177 milliards d'euros d'obligations soumises à la loi grecque: l'acceptation des 20 milliards sous la loi anglaise ne sera connue que samedi. On suppose qu'elle sera équivalente. C'est la plus importante opération de sauvetage d'un pays souverain en défaut de paiement(effectif, pas juridique) de sa dette.
Pour la plupart des obligations, le seuil permettant de forcer à travers des clauses d’action collectives (CAC) la conversion est de 66%.
Avec un pourcentage de 85%, on peut espérer qu'il ne soit pas nécessaire de faire appel à ces clauses. Ce serait infiniment plus digne. Mais surtout, cela devrait permettre de ne pas créer un précédent qui risquerait d'avoir un impact négatif sur les autres obligations souveraines européennes.
Les investisseurs échaudés par leur perte sur les obligations grecques n'ont pas besoin d'une aggravation qui, incontestablement, rendrait le caractère volontaire de cette opération encore plus douteux qu'il ne l'est aujourd'hui. La réaction possible des agences de notation sur l'utilisation des CAC n'est pas connue. De surcroit, cette utilisation rendra les investisseurs encore plus circonspects face a de nouvelles émissions nécessaires pour refinancer l'Europe.
Le secteur privé a pris sa décision en tenant compte d'un calcul réaliste des probabilités: ceux qui sont convaincus que le seuil de 66% sera atteint n'ont aucune raison d'attendre et ont tout intérêt à échanger leurs titres. Outre que cela leur donnera une bonne réputation, il est toujours plus intéressant de « venir au secours de la victoire" que constitue le sauvetage de la Grèce. N’oublions pas que cette nouvelle émission de près de 100 milliards d’euros fera l’objet de transactions qui seront effectuées par les détenteurs présents et seront donc la source de revenus ultérieurs.
Le dernier mot revient en effet au Gouvernement grec et aux Ministres réunis Bruxelles: ils vont pouvoir enfin mettre en place leur participation de 130 milliards au vu des données disponibles. Nous ne sommes donc pas devant un couperet.
Toute la journée d'hier les divers marchés ont hésité. En l'absence de toute transparence, ce sont les rumeurs qui ont amené les marchés de réagir. Si le Dow Jones a repris 79 points, c'est après en avoir perdu 200 la veille. C'est que les investisseurs avisés (oui, il y en a) savent que cette opération est cruciale, sans pour autant résoudre le fond du problème grec.
Déjà les marchés qui commencent la journée du 9 mars 2012 montrent un optimisme ne de celui qu’affiche le Ministre grec des Finances. Ce sont les marchés européens qui porteront la charge de prendre en compte les décisions nocturnes bruxelloises.
Cette restructuration est une étape importante, et reconnaissons-le, indispensable à la remontée de la pente que l’Europe a dévalée en toute inconscience et irresponsabilité depuis plus de deux ans. Le coût est un multiple de ce qu’une action prompte et décidée aurait impliqué. Et c'est le contribuable qui va payer.
La mise sur rail ne garantit pas l'arrivée au sommet. La route sera longue et parcourue d'embuches tant économiques que sociales. Jusqu'à la dernière minute les syndicats grecs ont tente d'empêcher les fonds gérés par le gouvernement grec de participer a cette restructuration.La balle est maintenant, plus que jamais, dans le camp des dirigeants grecs. Ils viennent de recevoir un cadeau de 100 milliards d'euros sous forme de réduction de la dette de leur pays. C'est un ballon d'oxygène qu'il faudra utiliser judicieusement.
Elle pourrait nous éviter des sueurs froides sur la dette grecque et italienne qui, après avoir dépassé plus de 7% de rendement se traitent respectivement a 4,80% et 5.05%. Mais ceci implique qu’un rééchelonnement immédiat de leur dette soit mis en chantier pour éviter une crise en 2012 ou 2013 ou plus de 1.200 milliards d'euros d’obligations viennent à échéance.
Georges Ugeux : PDG de Galileo Global Advisors, une banque d'affaires internationale a New York. De 1996 a 2003, il a été Executive Vice Président International du New York Stock Exchange
Source : http://finance.blog.lemonde.fr/2012/03/09/la-restructuration-de-la-dette-grecque-est-enfin-sur-les-rails/
Ce n'est pas un triomphe, ni même une guérison. La Grèce va seulement sortir de la salle des urgences du défaut de paiement.
A Washington où siègent le FMI et l'Institute of International Finance qui représente les banques et à Bruxelles où les ministres des finances et banquiers centraux sont en réunion, le dépassement de la limite de 23 heures a eu un gout doux-amer. Pour essentiel que cette restructuration soit devenue, elle est en grande partie le résultat de leur inaction et de l'irresponsabilité européenne. Il ne faudrait pas tomber dans le triomphalisme. La gestion de la crise grecque est un gigantesque échec pour l'Eurozone.
Quelles que soient les informations disponibles, le chiffre d'acceptation continuait d'être erratique. Entre 65 et 95%. Ce sera finalement 85% qui émergera aux premières heures de l'aube. C'est incontestablement remarquable.
Le taux s’applique aux 177 milliards d'euros d'obligations soumises à la loi grecque: l'acceptation des 20 milliards sous la loi anglaise ne sera connue que samedi. On suppose qu'elle sera équivalente. C'est la plus importante opération de sauvetage d'un pays souverain en défaut de paiement(effectif, pas juridique) de sa dette.
Pour la plupart des obligations, le seuil permettant de forcer à travers des clauses d’action collectives (CAC) la conversion est de 66%.
Avec un pourcentage de 85%, on peut espérer qu'il ne soit pas nécessaire de faire appel à ces clauses. Ce serait infiniment plus digne. Mais surtout, cela devrait permettre de ne pas créer un précédent qui risquerait d'avoir un impact négatif sur les autres obligations souveraines européennes.
Les investisseurs échaudés par leur perte sur les obligations grecques n'ont pas besoin d'une aggravation qui, incontestablement, rendrait le caractère volontaire de cette opération encore plus douteux qu'il ne l'est aujourd'hui. La réaction possible des agences de notation sur l'utilisation des CAC n'est pas connue. De surcroit, cette utilisation rendra les investisseurs encore plus circonspects face a de nouvelles émissions nécessaires pour refinancer l'Europe.
Le secteur privé a pris sa décision en tenant compte d'un calcul réaliste des probabilités: ceux qui sont convaincus que le seuil de 66% sera atteint n'ont aucune raison d'attendre et ont tout intérêt à échanger leurs titres. Outre que cela leur donnera une bonne réputation, il est toujours plus intéressant de « venir au secours de la victoire" que constitue le sauvetage de la Grèce. N’oublions pas que cette nouvelle émission de près de 100 milliards d’euros fera l’objet de transactions qui seront effectuées par les détenteurs présents et seront donc la source de revenus ultérieurs.
Le dernier mot revient en effet au Gouvernement grec et aux Ministres réunis Bruxelles: ils vont pouvoir enfin mettre en place leur participation de 130 milliards au vu des données disponibles. Nous ne sommes donc pas devant un couperet.
Toute la journée d'hier les divers marchés ont hésité. En l'absence de toute transparence, ce sont les rumeurs qui ont amené les marchés de réagir. Si le Dow Jones a repris 79 points, c'est après en avoir perdu 200 la veille. C'est que les investisseurs avisés (oui, il y en a) savent que cette opération est cruciale, sans pour autant résoudre le fond du problème grec.
Déjà les marchés qui commencent la journée du 9 mars 2012 montrent un optimisme ne de celui qu’affiche le Ministre grec des Finances. Ce sont les marchés européens qui porteront la charge de prendre en compte les décisions nocturnes bruxelloises.
Cette restructuration est une étape importante, et reconnaissons-le, indispensable à la remontée de la pente que l’Europe a dévalée en toute inconscience et irresponsabilité depuis plus de deux ans. Le coût est un multiple de ce qu’une action prompte et décidée aurait impliqué. Et c'est le contribuable qui va payer.
La mise sur rail ne garantit pas l'arrivée au sommet. La route sera longue et parcourue d'embuches tant économiques que sociales. Jusqu'à la dernière minute les syndicats grecs ont tente d'empêcher les fonds gérés par le gouvernement grec de participer a cette restructuration.La balle est maintenant, plus que jamais, dans le camp des dirigeants grecs. Ils viennent de recevoir un cadeau de 100 milliards d'euros sous forme de réduction de la dette de leur pays. C'est un ballon d'oxygène qu'il faudra utiliser judicieusement.
Elle pourrait nous éviter des sueurs froides sur la dette grecque et italienne qui, après avoir dépassé plus de 7% de rendement se traitent respectivement a 4,80% et 5.05%. Mais ceci implique qu’un rééchelonnement immédiat de leur dette soit mis en chantier pour éviter une crise en 2012 ou 2013 ou plus de 1.200 milliards d'euros d’obligations viennent à échéance.
Georges Ugeux : PDG de Galileo Global Advisors, une banque d'affaires internationale a New York. De 1996 a 2003, il a été Executive Vice Président International du New York Stock Exchange
Source : http://finance.blog.lemonde.fr/2012/03/09/la-restructuration-de-la-dette-grecque-est-enfin-sur-les-rails/
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