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La propagande hollywoodienne et la CIA

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La propagande hollywoodienne et la CIA Empty Zero Dark Thirty : Oscar de l’islamophobie radicale

Message  09991 Dim 10 Mar - 19:36

Zero Dark Thirty : Oscar de l’islamophobie radicale


La propagande hollywoodienne et la CIA Maya-g10
Fantôme contre fantôme : Maya, agent fictif de la CIA, cherchant Oussama Ben Laden dans les méandres dustorytelling délivré par les autorités américaines…


Je suis né dans les plaines où le vent soufflait libre et il n’y avait rien pour arrêter la lumière du soleil. Je suis né là où il n’y avait pas de clôtures. […] J’ai prié à la lumière et les ténèbres, Dieu et le soleil, laissez-moi vivre en paix avec ma famille. »
Go Khla Yeh, guerrier apache, dit Geronimo

Le labyrinthe imaginaire de Mark Boal

Zero Dark Thirty s’ouvre avec un fond noir sur lequel s’inscrit un avertissement indiquant : « Ce film est basé sur des comptes rendus de faits réels ». Et, quelques deux heures trente plus tard, le long métrage réalisé par Kathryn Bigelow se conclut sur une séquence montrant l’héroïne que nous aurons suivie tout au long du film, une jeune femme, agent de la CIA, qui entrouvre un sac mortuaire et découvre le visage du cadavre que le commando desNavy Seals a rapporté après le raid opéré dans la nuit du 1er au 2 mai 2011 sur la villa d’Abbottabad au Pakistan. En arrière plan, un militaire est au téléphone, en communication avec un haut responsable à Washington. Après un regard approbateur de la jeune femme, le militaire transmet : « L’expert de la CIA nous annonce une confirmation visuelle à 100% » [1]. Ainsi la protagoniste du film – dénommée Maya – délivre-t-elle aux autorités américaines, comme aux spectateurs, la confirmation que le cadavre, exfiltré du Pakistan le 2 mai 2011, est celui de l’ennemi public numéro un de l’Occident, une attestation comme quoi Ben Laden est bien mort après être resté mystérieusement insaisissable durant près de dix ans… Cependant, les spectateurs non avertis ignorent que cette héroïne est un simple pantin de cinéma, un personnage fictif qui nous a conduit dans un labyrinthe plus ou moins imaginaire à la recherche du fantôme d’Oussama Ben Laden, un labyrinthe créé par un scénariste, Mark Boal, et vendu au monde comme une réalité tangible par l’artifice des « comptes rendus de faits réels ».


Ces deux jalons qui encadrent le film sont révélateurs de la roublardise des producteurs et des auteurs qui sont à l’origine de l’événement médiatique et politique qui a marqué la fin d’année 2012 aux USA, et qui est arrivé en France en ce début d’année, et révélateurs du décor en trompe l’œil dans lequel nous projette le film de Kathryn Bigelow. Tout d’abord, que signifie exactement cette mention selon laquelle le film est basé sur des « comptes rendus de faits réels » ? Une chose est claire, cet avertissement a pour but de convaincre le spectateur qu’il va assister à une reconstitution cinématographique relativement rigoureuse d’événements ayant réellement eu lieu. Et pourtant, à y réfléchir, on se rend bien compte que la mention ne veut tout simplement rien dire : de quels comptes rendus s’agit-il ? De comptes rendus de témoins indépendants ou alors des autorités politiques ou militaires ? De ceux des médias ou encore de services américains de renseignement comme la CIA ? Il s’avère, en fait, que cette dernière option semble être la bonne, la promotion du film nous indiquant que la CIA aurait ouvert ses archives et réservé des révélations au scénariste du film… Mais l’Histoire nous enseigne que cette agence, la CIA, qui a pour fond de commerce la duplicité, est libre de produire à l’attention d’Hollywood les comptes rendus qui lui chantent [2]. Cette mention est donc vide de sens. Par ailleurs, dès les premiers signes de polémique aux États-Unis, concernant les séquences de torture présentes dans le film, la production s’est défaussée et a prétexté la liberté artistique que prodigue la fiction cinématographique pour faire savoir que le film pouvait s’affranchir de toute vérité historique et ainsi se protéger des attaques. Les propos de Mark Boal lui-même, lors de la promotion du film, confirment le changement de communication :

Nous avons essayé de trouver l’équilibre entre réalisme et fiction. Notre film n’a pas la vocation d’être un documentaire. » Malgré cette couardise, les producteurs conserveront la mention de départ citée plus haut, suffisamment ambivalente pour faire illusion, sans qu’il soit nécessaire pour eux d’assumer l’enjeu politique du film.

La propagande hollywoodienne et la CIA Locker10

Notons également que Mark Boal, le scénariste de Zero Dark Thirty, avait déjà usé d’une stratégie semblable lors de sa première collaboration avec Kathryn Bigelow. Profitant des informations recueillies alors qu’il était journaliste en Irak, Boal avait pu vendre son scénario à Hollywood en vantant le réalisme caractérisant le protagoniste du filmDémineurs et la trame documentée de l’histoire qu’il racontait. Mais quand le sergent Jeffrey Sarver, que Mark Boal avait suivi pendant des semaines pour décalquer son personnage principal, a demandé à être crédité sur le film, les avocats du scénariste ont aussitôt répliqué que le scénario de Démineurs n’était en réalité qu’une simple fiction… Et si, pour eux, la partie a été facile, elle le fut moins pour le véritable démineur rescapé de la guerre en Irak. Sarver a vu sa plainte rejetée et s’est trouvé condamné à rembourser les frais d’avocats de l’auteur, soit la modique somme de 187 000 dollars ! Dans l’usine à rêves d’Hollywood, pas de place et pas de pitié pour le petit soldat qui aura mangé la poussière du sol irakien… De son côté, Mark Boal remportera pour Démineurs l’Oscar du meilleur scénario original, plébiscité précisément pour sa dimension réaliste…

Revenons à Zero Dark Thirty et à cette dernière séquence du film caractéristique d’une dimension de ce projet que la presse s’abstient de commenter, à savoir, la représentation pour un large public de la réalité communiquée par les autorités américaines concernant l’existence d’un Oussama Ben Laden qui serait resté reclus jusqu’en 2011 et sa mort le 2 mai de cette année-là. Car, malgré le barnum médiatique que nous avons connu il y a près de deux ans, cette prétendue réalité ne reste en fait – jusqu’à preuve du contraire – qu’un vaste storytelling de l’administration Obama, un récit aussi opportun qu’improbable si l’on tient compte du fait que les autorités américaines se sont toujours refusées à produire les preuves – vérifiables par le citoyen – soutenant les allégations qu’elles avançaient concernant cet événement.


D’ailleurs, dans les scènes qui précèdent l’intervention militaire au Pakistan, le film nous offre une réplique intéressante d’un palefrenier de la Maison Blanche à un responsable de la CIA qui tire sur la bride afin qu’Obama donne son feu vert pour envoyer un commando dans la villa où Ben Laden se cacherait : « Le Président a un esprit analytique. Il a besoin de preuves. » Il s’avère que, tout comme le Président des États-Unis, nous, citoyens du monde, avons également un esprit analytique. De même, tout comme le film nous raconte qu’Obama a besoin de preuves pour croire les cadors de la CIA, nous avons besoin de preuves pour croire Obama… Mais, bien entendu, il est regrettable que le commando envoyé par ce dernier ait maladroitement tué Ben Laden alors qu’il était au final seul et désarmé, tout aussi regrettable que son corps ait été, aussitôt après, jeté à la mer… Et c’est également dommage qu’Obama ne daigne pas publier les photos qu’il prétend détenir du cadavre de son prestigieux trophée… Autant de preuves auxquelles nous souhaitons nous fier bien davantage qu’à un storytelling soigneusement distillé par une administration dont la principale agence de renseignement, la CIA, détient un palmarès de coups tordus et de crimes de masse sans équivalent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Nous y reviendrons.

Ensuite, remarquons que Zero Dark Thirty nous met en situation de suivre un fantôme, à savoir le personnage fictif de Maya, jeune fille pâle et invraisemblable, sans autre vie que la froide vengeance qu’elle poursuit dix ans durant en arpentant les couloirs de la CIA et les antichambres de la mort que sont les « sites noirs », les prisons secrètes de l’agence. Et c’est finalement cet être imaginaire et fantomatique que les auteurs utilisent dans la séquence finale du film pour valider, aux yeux du spectateur, la disparition médiatique d’un autre spectre, celui d’Oussama Ben Laden. Rappelons que ce fils d’une grande famille saoudienne liée à la famille Bush par les intérêts diplomatiques et le commerce du pétrole est avant tout une créature hybride née des manipulations stratégiques opérées par la CIA durant la guerre froide pour favoriser l’effondrement de l’URSS. Une fois passé ce cap, et plus encore après le 11 Septembre, la figure de Ben Laden, agrémentée de la nébuleuse al-Qaïda, sera recyclée en épouvantail de super production afin de faire admettre au monde entier deux guerres d’agression, illégales et illégitimes, en Afghanistan et en Irak, accomplies en toute impunité par les forces militaires des États-Unis et leurs alliés sous le prétexte opportun et ambivalent de la « guerre au terrorisme ».


Hillary Clinton explique comment, au départ, l’administration
Reagan a sponsorisé al-Qaïda pour précipiter la chute de l’URSS.



Le labyrinthe sophistiqué créé par Mark Boal pour construire le scénario de Zero Dark Thirty reprend des morceaux épars et improbables de l’histoire officielle concernant la traque supposée de Ben Laden et les assemble en tordant la réalité autant que nécessaire dans les courbes de son récit fictionnel. Ainsi peut-il aligner les faits dans une perspective relativement cohérente aux yeux du spectateur. Dans sa première moitié, le film est rythmé par la répétition des attentats qui ponctuent le déroulement de cette traque, la recherche des suspects, leur capture, les interrogatoires et les séances de torture. Le film s’ouvre par une évocation sonore des attaques du 11 septembre 2001. Plus loin survient la fusillade d’al-Khobar en Arabie Saoudite en 2004, ensuite les attentats de Londres en 2005, puis d’Islamabad au Pakistan en 2008 et, enfin, l’attentat suicide dans la base américaine de Camp Chapman en Afghanistan, en 2009. À chaque reprise, ces reconstitutions sont suivies d’une intégration de véritables images d’actualités extraites des journaux télévisés de l’époque, ces archives étant susceptibles de renforcer, dans l’esprit du spectateur, l’illusion que le scénario du film présente une transcription fidèle de la réalité. Et dans la dynamique du récit, cette représentation permet de justifier implicitement l’usage de la torture.

Par ailleurs, le film utilise habilement la construction dramaturgique et les techniques de montage propres au cinéma pour canaliser l’attention du spectateur dans ce bazar obscurantiste. Ainsi, le subterfuge de l’ellipse permet de dissoudre dans quelques séquences anecdotiques la période de trois ans qui s’écoule entre les attentats de juillet 2005 dans la capitale britannique et celui de l’hôtel Marriott à Islamabad en septembre 2008. Ces trois années ont été forcément infructueuses puisque Ben Laden restait alors insaisissable, mais par la magie de l’ellipse, le film s’affranchit de toute rationalité et nous entraine, avec son héroïne, à l’écart des réalités du monde. Ainsi, Zero Dark Thirty ne traite jamais des faits qui, dans cet intervalle, sont venus contrarier le récit officiel américain, comme l’entretien accordé en novembre 2007 par Benazir Bhutto à la chaine al-Jazira, dans lequel l’ex-Premier ministre du Pakistan mentionnait que Ben Laden avait été assassiné par Omar Sheikh, un agent de l’ISI pakistanaise, cette révélation tombant quelques semaines avant qu’elle-même ne disparaisse, victime d’un attentat suicide.



Logique de raisonnement à géométrie variable


Il est intéressant d’observer la logique de raisonnement qui anime au cours de leur enquête les agents de la CIA tels qu’ils sont dépeints dans Zero Dark Thirty. Et il est surprenant de constater que cette logique pour le moins élémentaire n’a pas été vraiment mise en œuvre et suivie dans la vraie réalité, la réalité non cinématographique, pour explorer les zones d’ombre du 11 Septembre avec la même efficacité que celle supposée dans le film :


Lors d’une séance de waterboarding (technique de torture par simulation de noyade), Dan, agent de la CIA et collègue de l’héroïne, demande à Ammar, le prisonnier dont il inonde le visage : « Ben Laden, tu l’as vu quand pour la dernière fois ? »



Avant même d’envisager cet usage prosélyte de la torture sur nombre d’étrangers refusant de se soumettre sans réserve aux caprices de l’impérialisme américain, il eut été heureux que les agents de la CIA entreprennent de poser cette question précise, « Ben Laden, tu l’as vu quand pour la dernière fois ? », aux membres de leurs propres services, si l’on tient compte de l’information titrée par Le Figaro selon laquelle, le 12 juillet 2001, Ben Laden rencontrait à l’hôpital de Dubaï, où il était soigné pour sa maladie rénale, le chef d’antenne local de la CIA, précisément, Larry Mitchell.

La propagande hollywoodienne et la CIA Figaro10
La CIA a-t-elle pensé à interroger ses propres agents avant de torturer des milliers de suspects étrangers ?

Alors que le prisonnier torturé pendant la première demi-heure du film, Ammar, demande de l’aide à Maya, la jeune recrue de la CIA louée pour sa détermination, celle-ci lui répond : « Vous vous aiderez vous-même si vous nous dites la vérité. »


Les dirigeants américains, à commencer par Barack Obama, seraient bien inspirés de suivre le précepte de la jeune Maya (sans qu’ils aient pour autant à endurer le waterboarding…) et de rendre public les enregistrements effectués par les dizaines de caméras entourant le Pentagone le 11 Septembre, de rendre enfin public les débris résiduels marqués par des numéros de série correspondant à ceux des quatre avions de ligne victimes des crashs officiels du 11 Septembre et, bien entendu, d’accepter enfin l’ouverture d’une enquête criminelle réellement indépendante afin de faire la lumière sur l’ensemble des questions restées sans réponse à la suite du 11 Septembre. La Constitution des États-Unis d’Amérique s’ouvre avec ces mots : « Nous, Peuple des États-Unis… » ; les responsables actuellement aux commandes de la première puissance mondiale aideraient grandement le peuple qu’ils sont supposés représenter, et le reste de la planète, en laissant la vérité sur cet événement fondateur de notre siècle éclater au grand jour.

Au cours d’une réunion tenue par la CIA, un des agents annonce au sujet de l’ISI, les services de renseignement pakistanais : « L’ISI est lent à réagir et on commence à penser que si les services pakistanais sont lents, ce n’est pas seulement du fait de leur incompétence. » Ce qui suppose, selon ces agents de cinéma, que l’ISI ferait en sorte d’entraver délibérément le déroulement des opérations de lutte contre le terrorisme international quitte à laisser supposer qu’ils n’y peuvent pas grand-chose, du fait de l’incompétence de leurs services.


Il est ironique de constater que si l’on replace un tel dialogue dans le contexte américain en remplaçant l’ISI par la CIA et le Pentagone, avant ou pendant le 11 Septembre, l’analyse des événements de 2001 aurait de bonnes chances de se révéler pertinente, mais une telle analyse serait assurément qualifiée par les autorités et les médias de conspirationniste…


Enfin, lors d’un dialogue entre deux agents de la CIA, Maya et Jessica, cette dernière suggère à sa jeune collègue l’usage de l’argent pour faciliter l’obtention d’informations de la part de membres d’organisations islamistes : « Une chose dont on peut être sûres, c’est que les gens aiment l’argent. »


Est-ce que cet aphorisme peut faire office de généralité pour caractériser la nature humaine ? En tout cas, gageons qu’il est approprié pour ce qui concerne les promoteurs zélés des valeurs matérialistes et de l’ultralibéralisme effréné que sont les néoconservateurs au pouvoir aux États-Unis à partir de 2001… Ainsi, sur la base d’une pareille certitude concernant l’avidité, les vertueux et dévoués agents cinématographiques de la CIA – aussi intraitables qu’infatigables – pourraient-ils sortir de l’écran (à l’image du héros du film La rose pourpre du Caire) et venir faire un tour dans notre réalité afin d’examiner par quel enchaînement de circonstances le Vice-président Dick Cheney, ancien dirigeant d’Halliburton, a empoché des millions de dollars de bénéfices personnels grâce à l’invasion de l’Irak, comment le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a gagné une fortune en 2005 grâce à la société Gilaed en contrat avec le Pentagone et comment la famille Bush était financièrement liée à la famille Ben Laden à travers le groupe Carlyle.


La preuve par la fiction


Evidemment, qui n’a pas conscience des anomalies de la version officielle concernant le 11 Septembre et l’épouvantail Ben Laden aura de bonnes chances d’avaler le film comme un épisode surdimensionné de la série « 24 » dans lequel l’agent Jack Bauer aurait été mis sur la touche pour faire place au casting des Drôles de dames. En revanche, celui qui a conscience de ces anomalies éprouvera probablement un certain malaise à la vision deZero Dark Thirty.

La presse s’est particulièrement répandue en éloges sur l’efficacité cinématographique de la partie finale du film qui reconstitue l’assaut, par le commando américain, de la villa d’Abbottabad où il est dit que Ben Laden se cache. Pour notre part, nous ferons quelques remarques. Cette séquence s’inscrit dans l’imaginaire du western renforcé par une logique de vengeance en cohérence avec la violence guerrière anglo-saxonne. Rappelons que le nom de code donné à la mission de ce commando est Geronimo, ce qui est un choix d’un rare cynisme, au regard du sombre génocide que les colons blancs ont accompli vis à vis des Indiens d’Amérique. Est-ce donc le sort qui attend aussi les populations arabes et musulmanes qui ont eu la mauvaise idée de naître sur des terres riches en ressources naturelles ou visées par la soif de conquête des puissances occidentales ?


La propagande hollywoodienne et la CIA Zdt-as10
Le commando américain débarque sur la villa d’Abbottabad (et Hollywood explore une planète extraterrestre…)


Si l’on se détache un instant de la mise en scène enjôleuse de Kathryn Bigelow, l’assaut de la villa par les Navy Seals a quelque chose de dérisoire, voire pitoyable. Le film nous montre un commando surarmé qui assassine quelques pauvres diables en djellaba comme autrefois on descendait des Indiens dans les westerns, ou comme aujourd’hui chacun peut « buter » des monstres dans un jeu vidéo. Et à aucun instant les auteurs du film n’indiquent aux spectateurs qu’ils sont conscients de ce fait, étant davantage soucieux de bien mettre en image ce qui a été développé dans le récit officiel… Les premiers coups de feu tirés par l’ennemi à l’intérieur de la villa, contraignant le commando à riposter… La tension et la confusion des derniers instants aboutissant à l’exécution « malencontreuse » de la cible Ben Laden… La séance de photographie du cadavre… Rien ne manque à l’appel. Zero Dark Thirty fournit au public les preuves qu’Obama a manqué de lui présenter en 2011. Il nous offre, comme substitut des faits avérés, un spectacle en immersion, la preuve par la fiction.

Pourtant, est-ce parce qu’un film met en avant un style réaliste, foisonnant de détails, de noms orientaux, de décors naturels, de costumes appropriés et de dialogues ciselés mêlant informations intelligibles et déductions logiques, que les faits que ce film énonce sont véridiques ? Comment la presse peut-elle confondre si vite la forme et le fond ? Zero Dark Thirty est bien une fiction scénarisée où sont injectés quelques événements ayant fait la une de l’actualité. Il s’agit d’une pirouette qu’affectionne particulièrement Hollywood et qui caractérise de nombreux scénarios, comme celui de Titanic, par exemple. Et dans la trame du film de Kathryn Bigelow, le bon petit agent Maya et le grand méchant Ben Laden n’ont pas beaucoup plus de consistance historique que Jack et Rose, le couple qu’avait inventé James Cameron pour donner au récit de Titanic l’ampleur dramaturgique qu’il souhaitait.

Dans la prochaine partie de cette analyse au sujet de Zero Dark Thirty, nous reviendrons sur le peu de réserve critique que les médias manifestent à l’égard du rôle essentiellement positif attribué dans le film à la CIA, au cœur de la puissance américaine, et ce malgré l’historique inouï de coups tordus et de crimes de masse commis à l’étranger par cette agence, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.


Lalo Vespera



http://www.reopen911.info/News/2013/02/27/zero-dark-thirty-o…
http://www.mondialisation.ca/zero-dark-thirty-oscar-de-lislamophobie-radicale/5324874

[1] Dialogue extrait du film en version française.

[2] Un courrier a été adressé au producteur et distributeur du film, Sony Pictures, par les sénateurs démocrates Dianne Feinstein, présidente du Comité du renseignement, et Carl Levin, président du Comité des forces armées, et John McCain, ancien candidat républicain à la présidence. Il indique : « Zero Dark Thirty est factuellement inexact, et nous croyons que vous avez l’obligation de déclarer publiquement que le rôle attribué à la torture dans la traque d’Oussama Ben Laden n’est pas fondé sur la réalité, mais relève de la part de fiction du film. »


Affaire à suivre de très prêt.........



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Message  09991 Lun 11 Mar - 20:56

La propagande hollywoodienne et la CIA



La propagande hollywoodienne et la CIA Cia-ho10



L’une des tendances les plus répandues dans la culture occidentale au 21e siècle est presque devenue une obsession aux États-Unis : « l’histoire hollywoodienne ». Les studios privés de Los Angeles dépensent des centaines de millions de dollars pour confectionner sur mesure des événements historiques afin qu’ils conviennent au paradigme politique prédominant. » (Patrick Henningsen, Hollywood History: CIA Sponsored “Zero Dark Thirty”, Oscar for “Best Propaganda Picture”)



Black Hawk Dawn, Zero Dark Thirty et Argo, ne sont que quelques unes des productions récentes démontrant comment l’industrie cinématographique actuelle promeut la politique étrangère étasunienne. Le 7e art a toutefois été utilisé depuis le début de 20e siècle et la coopération d’Hollywood avec le département de la Défense, la CIA et d’autres agences gouvernementales n’est pas une nouvelle tendance.

En laissant Michelle Obama présenter l’Oscar du meilleur film, Argo de Ben Affleck, l’industrie a montré sa proximité avec Washington. Selon Soraya Sepahpour-Ulrich, Argo est un film de propagande occultant l’horrible vérité à propos de la crise des otages en Iran et conçu pour préparer l’opinion publique à une confrontation prochaine avec l’Iran.



Ceux qui s’intéressent à la politique étrangère savent depuis longtemps qu’Hollywood reflète et promeut les politiques étasuniennes (déterminées par Israël et ses sympathisants). Ce fait a été rendu public lorsque Michelle Obama a annoncé le gagnant de l’Oscar du meilleur film, Argo, un film anti-iranien extrêmement propagandiste. Dans le faste et l’enthousiasme, Hollywood et la Maison-Blanche ont révélé leur pacte et envoyé leur message à temps pour les pourparlers relatifs au programme nucléaire iranien […]


Hollywood promeut depuis longtemps les politiques étasuniennes. En 1917, lors de l’entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale, le Committee on Public Information (Comité sur l’information publique, CPI) a enrôlé l’industrie cinématographique étasunienne pour faire des films de formation et des longs métrages appuyant la “cause”. George Creel, président du CPI, croyait que les films avaient un rôle à jouer dans “la diffusion de l’évangile américaniste aux quatre coins du globe”.

Le pacte s’est fortifié durant la Seconde Guerre mondiale […] Hollywood contribuait en fournissant de la propagande. En retour, Washington a utilisé des subventions, des dispositions particulières du plan Marshall et son influence générale après la guerre pour forcer l’ouverture des marchés cinématographiques européens réfractaires […]


Alors qu’Hollywood et la Maison-Blanche s’empressent d’honorer Argo et son message propagandiste, ils occultent impudemment et délibérément un aspect crucial de cet événement “historique”. Le clinquant camoufle un fait important, soit que les étudiants iraniens ayant pris le contrôle de l’ambassade des États-Unis à Téhéran ont révélé au monde entier l’horrible secret d’Israël. Des documents classés “secrets” ont révélé les activités de LAKAM. Créé en 1960, LAKAM était un réseau israélien assigné à l’espionnage économique aux États-Unis et affecté à la “collecte de renseignement scientifique aux États-Unis pour le compte de l’industrie de la défense israélienne”. » (Soraya Sepahpour-Ulrich Oscar to Hollywood’s “Argo”: And the Winners are … the Pentagon and the Israel Lobby)


Pour un véritable compte rendu de la crise des otages en Iran, une opération clandestine de la CIA, Mondialisation.ca vous recommande la lecture d’un article de Harry V. Martin publié en 1995, The Real Iranian Hostage Story from the Files of Fara Mansoor et dont voici un extrait:

Farah Mansour est un fugitif. Non, il n’a enfreint aucune loi aux États-Unis. Son crime est de connaître la vérité. Ce qu’il a à dire et les documents qu’il possède sont l’équivalent d’un arrêt de mort pour lui. Mansour est un Iranien ayant fait partie de l’establishment en Iran bien avant la crise des otages en 1979. Ses archives contredisent la soi-disant théorie de la “surprise d’octobre” voulant que l’équipe Ronald Reagan-George Bush ait payé les Iraniens pour qu’ils libèrent les 52 otages étasuniens seulement après les élections présidentielles de novembre 1980 […]

Détenant des milliers de documents pour appuyer sa version des faits, Mansour affirme que la “crise des otages” était un “outil de gestion” politique créé par la faction pro-Bush de la CIA et implanté à l’aide d’une alliance a priori avec les fondamentalistes islamiques de Khomeini. Il dit que l’opération avait deux objectifs :


■Garder l’Iran intact et sans communistes en donnant le contrôle absolu à Khomeini
■Déstabiliser l’administration Carter et mettre George Bush à la Maison-Blanche » (Harry V. Martin, The Real Iran Hostage Crisis: A CIA Covert Op)


Zero Dark Thirty est une autre œuvre de propagande du grand écran ayant soulevé un tollé plus tôt cette année. Le film exploite les événements affreux du 11-Septembre afin de présenter la torture comme un mal efficace et nécessaire :

Zero Dark Thirty est troublant pour deux raisons. D’abord et avant tout le film laisse le spectateur avec la fausse impression que la torture a aidé la CIA à trouver la cachette de Ben Laden au Pakistan. Ensuite, il ignore à la fois l’illégalité et l’immoralité de l’utilisation de la torture comme technique d’interrogation.

Le thriller s’ouvre sur ces mots : « basé sur des témoignages d’événements réels ». Après nous avoir montré des séquences des horribles événements du 11-Septembre, le film passe à une longue représentation explicite de la torture. Le détenu, Ammar, est soumis à la simulation de noyade, mis dans des positions douloureuses, privé de sommeil et enfermé dans une petite boîte. En réaction à la torture, il divulgue le nom du messager qui mène finalement la CIA à l’endroit où se trouve Ben Laden et à son assassinat. C’est peut-être du bon cinéma, mais c’est inexact et trompeur. (Marjorie Cohn, “Zero Dark Thirty”: Torturing the Facts)


Plus tôt cette année les prix Golden Globe ont suscité les critiques de certains analystes dénonçant la macabre « célébration hollywoodienne de l’État policier » et avançant que le véritable gagnant des Golden Globe était le complexe militaro-industriel :

Homeland a gagné les prix de meilleure série télévisée, du meilleur acteur et de la meilleure actrice. L’émission EST très divertissante et illustre certains défauts du système MIIC (complexe militaire, industriel et du renseignement).

Argo a reçu le prix du meilleur film et du meilleur réalisateur. Ben Affleck a fait l’éloge de la CIA, que son film glorifie.

Le prix de la meilleur actrice est allé à Jessica Chastain pour son rôle dans Zero Dark Thirty, un film vilipendé pour sa propagande sur l’utilisation de la torture […]

Le complexe militaire, industriel et du renseignement joue un rôle de plus en plus envahissant dans nos vies. Dans les prochaines années nous allons voir des films axés sur l’utilisation de la technologie des drones dans le milieu policier et de l’espionnage aux États-Unis. Nous voyons déjà des films montrant comment les espions peuvent violer tous les aspects de notre vie privée, des parties de nos vies les plus intimes. En faisant des films et des séries télévisées célébrant ces propagations cancéreuses de l’État policier, Hollywood et les grands studios normalisent les idées qu’ils nous présentent, en mentant au public en créant régulièrement des histoires frauduleuses pour camoufler la réalité. (Rob Kall cité dans Washington’s Blog, The CIA and Other Government Agencies Dominate Movies and Television)


Tous ces liens troublants qu’entretient Hollywood ont été examinés dans un article détaillé publié par Global Research en janvier 2009. Lights, Camera… Covert Action: The Deep Politics of Hollywood (Lumières, caméra… action clandestine : La politique profonde d’Hollywood). L’article énumère un grand nombre de films en partie scénarisés à des fins de propagande par le département de la Défense, la CIA et d’autres agences gouvernementales. Il est intéressant de noter que le réalisateur Ben Affleck, gagnant de l’Oscar du meilleur film cette année, a coopéré avec la CIA en 2002 alors qu’il était en vedette dans La Somme de toutes les peurs.

Les auteurs Matthew Alford et Robbie Graham expliquent que comparativement à la CIA, le département de la Défense « a une relation “ouverte“, mais peu publicisée avec Tinseltown, [laquelle], quoique moralement douteuse et peu affichée, est au moins du domaine publique ». Alford et Graham citent un rapport de la CIA révélant l’influence tentaculaire de l’agence, non seulement dans l’industrie du cinéma mais également dans les médias, « entretenant des liens avec des reporters de toutes les grandes agences de presse, tous les grands journaux, hebdomadaires et réseaux de télévision du pays ». Ce n’est qu’en 1996 que la CIA a annoncé qu’elle « collaborerait désormais ouvertement aux productions d’Hollywood, supposément à titre strictement “consultatif“ » :


La décision de l’agence de travailler publiquement avec Hollywood a été précédée par le rapport de 1991, « Task Force Report on Greater CIA Openness » (Rapport du groupe de travail sur une plus grande ouverture de la CIA), compilé par le nouveau « Groupe de travail sur l’ouverture » créé par le directeur de la CIA Robert Gates. Ironiquement, ce rapport discutait secrètement de la possibilité que l’Agence devienne moins secrète. Le rapport reconnaît que la CIA “entretient actuellement des liens avec des reporters de toutes les grandes agences de presse, tous les grands journaux, hebdomadaires et réseaux de télévision du pays“. Les auteurs du rapport notent que cela les a aidé “à transformer des ‘échecs du renseignement’ en ‘succès’ et a contribué à l’exactitude de nombreuses histoires“. Le document révèle par ailleurs que la CIA a par le passé “persuadé des journalistes de retarder, changer, retenir ou même laisser tomber des histoires qui auraient pu avoir des conséquences néfastes sur des intérêts en matière de sécurité nationale […] »


L’auteur de romans d’espionnage Tom Clancy a joui d’une relation particulièrement étroite avec la CIA. En 1984, Clancy a été invité à Langley après avoir écrit Octobre rouge, adapté au cinéma dans les années 1990. L’agence l’a invité à nouveau lorsqu’il travaillait sur Jeux de guerre (1992) et les responsables de l’adaptation cinématographique ont eu à leur tour accès aux installations de Langley. Parmi les films récents, on compte La Somme de toutes les peurs (2002), illustrant la CIA repérant des terroristes faisant exploser une bombe nucléaire en sol étasunien. Pour cette production, le directeur de la CIA George Tenet a lui-même fait faire une visite guidée du quartier général de Langley. La vedette du film, Ben Affleck, a lui aussi consulté des analystes de l’Agence et Chase Brandon a agi à titre de conseiller sur le plateau de tournage.

Les véritable raisons pour lesquelles la CIA joue le rôle de “conseiller“ dans toutes ces productions sont mises en relief par un commentaire isolé du codirecteur du contentieux de la CIA Paul Kelbaugh. En 2007, lors d’un passage dans un collège en Virginie, il a donné une conférence sur les liens de la CIA avec Hollywood, à laquelle a assisté un journaliste local. Ce dernier (qui souhaite conserver l’anonymat) a écrit un compte-rendu de la conférence relatant les propos de Kelbaugh sur le thriller de 2003, La Recrue, avec Al Pacino. Le journaliste citait Kelbaugh qui disait qu’un agent de la CIA était sur le plateau pour toute la durée du tournage prétextant agir comme conseiller, mais que son vrai travail consistait à désorienter les réalisateurs […] Kelbaugh a nié catégoriquement avoir fait cette déclaration. (Matthew Alford and Robbie Graham, Lights, Camera… Covert Action: The Deep Politics of Hollywood)


Durant la Guerre froide, l’agent Luigi G. Luraschi du Psychological Strategy Board (Bureau de stratégie psychologique, PSB) de la CIA était un cadre de Paramount. Il « avait obtenu l’accord de plusieurs directeurs de la distribution pour que l’on infiltre subtilement des “nègres bien habillés” dans les films, dont un “digne majordome nègre” avec des répliques “indiquant qu’il est un homme libre” ». Le but de ces changements était « de freiner la capacité des Soviétiques à exploiter le bilan médiocre de leurs ennemis relativement aux relations raciales et servait à créer une impression particulièrement neutre des États-Unis, toujours embourbés à l’époque dans la ségrégation raciale ». (Ibid.)

Les plus récentes productions cinématographiques primées confirment que la vision manichéenne du monde mise de l’avant par le programme de la politique étrangère étasunienne n’a pas changé depuis la Guerre froide. L’alliance Hollywood-CIA se porte bien et présente encore les États-Unis comme le « leader du monde libre » combattant « le mal » dans le monde entier :

L’ancien agent de la CIA Bob Baer nous a confirmé que l’imbrication entre Hollywood et l’appareil de sécurité nationale est toujours aussi étroite : « Il y a une symbiose entre la CIA et Hollywood ». Les réunions de Sun Valley donnent du poids à ses déclarations. Lors de ces rencontres annuelles en Idaho, plusieurs centaines de grands noms des médias étasuniens, incluant tous les directeurs des grands studios d’Hollywood, se réunissent afin de discuter d’une stratégie médiatique commune pour l’année suivante. (Ibid.)



http://www.globalresearch.ca/screen-propaganda-hollywood-and-the-cia/5324589
http://www.mondialisation.ca/zero-dark-thirty-oscar-de-lislamophobie-radicale/5324874
http://www.mondialisation.ca/la-propagande-hollywoodienne-et-la-cia/5325517



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La propagande hollywoodienne et la CIA Empty Zero Dark Thirty : un masque de beauté sur les horreurs de la CIA (2/3)

Message  09991 Lun 11 Mar - 21:49

Zero Dark Thirty : un masque de beauté sur les horreurs de la CIA


La propagande hollywoodienne et la CIA Jessic10


Zero Dark Thirty raconte la traque supposée d’Oussama Ben Laden par une cellule spéciale de la CIA. Rappelons que ce film est construit sur un scénario imaginaire à partir d’informations extraites d’un récit officiel subjectif et partisan, d’allégations sans preuves et de témoignages invérifiables. Et pourtant les médias célèbrent une œuvre particulièrement documentée… Les critiques de cinéma seraient-ils en passe, au sein des rédactions, de prendre la place abandonnée par les journalistes d’investigation pour nous éclairer sur les zones d’ombre des événements contemporains ? Par ailleurs, cette production nous fait visiter la CIA en compagnie d’une toute jeune fille, l’agent Maya, dont la beauté et la pâleur fantomatique apposent un masque bien trompeur sur la somme terrifiante des crimes que cette agence aura pu commettre hors du territoire américain en moins de 66 ans d’existence, et ce pour soutenir avant tout les intérêts de sociétés privées ou pour assouvir les pulsions impérialistes de l’oligarchie dirigeant les États-Unis.


La propagande hollywoodienne et la CIA Chasta10
Jessica Chastain reçoit le Golden Globe Award
pour son interprétation dans Zero Dark Thirty


Le gouvernement américain est aujourd’hui

le plus grand pourvoyeur de violence dans le monde. »

Martin Luther King, discours de Riverside Church à New York,
le 4 avril 1967, un an exactement avant sa mort.


Les critiques de cinéma, aux États-Unis comme en France, ont très largement plébiscité Zero Dark Thirtyqui a, par ailleurs, reçu 5 nominations aux Oscars dont une pour la catégorie du meilleur film de l’année 2012. L’immense majorité de ces recensions tressent des louanges au film, en se basant le plus souvent sur des critères artistiques et cinématographiques, mais aussi pour une bonne part en reproduisant les arguments du dossier de presse qui met en avant le travail de documentation journalistique qui aurait été effectué durant la phase d’écriture de Zero Dark Thirty. Ainsi, dans leurs différents billets dithyrambiques, Libération parle de « fiction très documentée », Les Inrockuptibles évoquent un « modèle de construction logique et de rigueur intellectuelle », Télérama affirme « On est en plein réalisme. En plein journalisme d’investigation » et soutient que c’est « parce qu’elle est très soucieuse de vérité » que Kathryn Bigelow a filmé des scènes de torture, enfin Le Monde nous dit qu’elle embarque le spectateur « dans le récit documenté et circonstancié d’une chasse à l’homme qui se veut la plus réaliste possible. S’appuyant sur un sérieux travail d’enquête mené par le journaliste, scénariste et producteur du film, Mark Boal… ».

Nous sommes curieux de connaître le degré de fiabilité des informations contenues dans les arguments promotionnels ayant pour objectif de vendre un produit culturel aux médias, et nous aurions apprécié que les chroniqueurs de cinéma, qui bénéficient comme leurs confrères d’une carte de journaliste, entreprennent de vérifier par eux-mêmes la réalité de ces faits« s’appuyant sur un sérieux travail d’enquête ». De quel travail d’enquête est-il question exactement si l’on tient compte du fait que les producteurs de Zero Dark Thirty revendiquent pour leur part la licence artistique que leur autorise par nature toute fiction cinématographique afin de ne pas être visés par l’enquête du Sénat des États-Unis qui cherche à savoir si la CIA a fourni ou non des informations classifiées aux auteurs du film ?

A l’image du physique délicat de son héroïne interprétée par Jessica Chastain, Zero Dark Thirty use des talents artistiques qu’il synthétise et de la « beauté » formelle de sa réalisation pour recouvrir d’une pellicule de vernis la laideur des guerres impérialistes entreprises par les États-Unis à la suite du 11 Septembre sur le prétexte fallacieux de la lutte mondiale contre le terrorisme.

Et, par le truchement d’une campagne marketing de plusieurs dizaines de millions de dollars, nous sommes invités à célébrer un produit type de la pop culture financé, élaboré et distribué par la multinationale Sony qui promeut aux yeux du monde le bien fondé de la « guerre au terrorisme » et des pratiques contraires aux fondamentaux du respect humain, comme la torture.


La propagande hollywoodienne et la CIA Sans-t14
Récapitulatif des critiques de presse au sujet de Zero Dark Thirty,
présenté sur le site Allociné.


N’en déplaise à la grande majorité des journalistes qui relayent sans esprit critique les prétendues vertus documentaires de Zero Dark Thirty que s’applique à vendre la production, il n’est pas certain que la CIA soit réellement et totalement cette entreprise de bonne volonté que le film présente, soucieuse de protéger le peuple américain des dangers extérieurs, même si elle se montre extrêmement dévouée au point d’assurer le sale boulot et de torturer des milliers de musulmans… pour la « bonne cause », la raison d’État, ou tout autre prétexte permettant de justifier la pratique assidue de tels crimes. Il est intéressant de noter que jamais, au grand jamais, le scénario de Zero Dark Thirty n’aborde l’éventualité que la CIA et les autorités américaines aient pu, d’une façon ou d’une autre, mentir aux citoyens des États-Unis et au monde entier en arrangeant la réalité des faits et en faisant usage de duplicité. Et à aucun moment cette question ne se trouve traitée dans la trame du scénario. En dehors de ce penchant fort malencontreux pour la torture, Kathryn Bigelow et son scénariste Mark Boal nous présentent la CIA comme une entreprise bel et bien régulière, subordonnée au pouvoir démocratique et fondamentalement vertueuse.

Bien que le secret et la duplicité représentent le fond de commerce de la CIA et que la pratique du meurtre et des coups tordus soit au cœur des attributions de cette agence de renseignement, jamais les auteurs n’entreprennent de lever le voile sur la nature délictueuse de l’Agence et nous – citoyens – devrions nous convaincre une bonne fois pour toute que le mensonge et le crime n’ont pas leur place ici pour mener à bien un projet soutenu par un gouvernement d’une grande démocratie moderne telle que les USA, alors même que l’histoire nous démontre que cela s’est déjà produit dans le passé, et à maintes reprises… En effet, ce ne sont pas les exemples historiques qui manquent concernant les actions de la CIA totalement contraires au droit international le plus basique. Et si les grands médias occidentaux subordonnés à l’idéologie atlantiste contribuent à entretenir l’idée selon laquelle la CIA remplirait essentiellement la fonction qui lui est attribuée officiellement, à savoir protéger la nation et le peuple américain, un bref regard sur l’histoire de cette administration suffit à constater qu’il n’en est rien et que les très nombreuses opérations clandestines organisées par l’Agence ont été exécutées, avant tout pour protéger les intérêts financiers de quelques multinationales.

Le documentaire de William Karel, réalisé en 2003, CIA, guerres secrètes – Opérations clandestines, présente ainsi la CIA : « On sait que ses effectifs sont passés de 35 personnes à sa création à près de 100 000 aujourd’hui, et son budget de quelques centaines de milliers de dollars à 28 milliards. La CIA est chargée du contre-espionnage extérieur, mais il lui est interdit d’opérer sur le territoire des États-Unis qui reste le domaine réservé du FBI. Truman avait placé la CIA sous l’autorité directe du Président des États-Unis, mais l’Agence allait très vite lui échapper et devenir le seul service chargé de mener des activités spéciales clandestines et des opérations subversives à l’étranger. »


Le documentaire de William Karel
CIA, guerres secrètes – Opérations clandestines
L’holocauste américain







La propagande hollywoodienne et la CIA Blum-k10
En 2003, l’historien William Blum publie un livre phare, Killing Hope(qui sort l’année suivante en France sous le titre Les guerres scélérates, aux éditions Parangon). Blum est un ancien fonctionnaire du département d’État américain qui établit une liste extrêmement documentée de 55 cas d’interventions militaires ou d’opérations clandestines menées à l’étranger par les États-Unis depuis 1945. Les premières lignes de son introduction donnent le ton : « Les Américains [ont] eux aussi perpétré un holocauste et […] le nier est aussi scandaleux que de nier l’holocauste nazi. La négation de l’holocauste américain est si largement et si profondément ancrée […] que ses négationnistes ne soupçonnent même pas qu’il y a eu des victimes. Pourtant, plusieurs millions de personnes en sont mortes et encore plus de millions ont été condamnées à vivre dans la misère, en raison des interventions américaines, de la Chine et la Grèce dans les années quarante, à l’Afghanistan et à l’Irak de nos jours. »


A partir des années 1980, John Stockwell, ancien officier de la CIA, dénonce
la nature criminelle de l’Agence et des interventions militaires américaines,
évoquant littéralement une 3e Guerre mondiale menée par les États-Unis
contre les peuples du tiers-monde.


La propagande hollywoodienne et la CIA Sans-t15

Quelques exemples caractéristiques de crimes commis par la CIA


1953 • Iran
Commandée par le Royaume-Uni et les États-Unis et exécutée par la CIA, l’opération Ajax aboutit au renversement du Premier ministre, Mohammad Mossadegh, et renforce le pouvoir du Chah, Reza Pahlavi. Cette opération secrète met un terme à la politique nationaliste de Mossadegh et permet de préserver les intérêts occidentaux dans l’exploitation des gisements pétrolifères iraniens (British Petroleum en particulier). Les États-Unis reconnaitront officiellement, sous l’administration Clinton, leur implication dans l’organisation et le soutien financier de ce coup d’État .


1954 • Guatemala

Le régime démocratique de Jacobo Arbenz Guzmán est renversé par un coup d’État organisé par la CIA afin d’empêcher l’expropriation des terres non exploitées de la société américaine United Fruit spécialisée dans la monoculture de la banane, alors même que le numéro un de la CIA, Allen Dulles, siège au conseil d’administration de United Fruit. L’historien William Blum témoigne : « C’est sans doute une des pires choses que la CIA et le gouvernement américain aient jamais faites. Ils ont mis à la place une dictature militaire qui a tué des centaines de milliers de gens au Guatemala pendant 40 ans. »


1961 • Cuba

Alors qu’il vient de chasser le dictateur Batista, Fidel Castro nationalise les plantations de sucre détenues par des sociétés américaines. Dès lors commence l’escalade entre Cuba et les États-Unis qui conduit au débarquement de la Baie des Cochons visant à renverser Castro. La CIA a entrainé 1400 exilés cubains, mais le gouvernement en place étant très populaire, le soulèvement n’a pas lieu et les mercenaires sont rejetés à la mer. « La CIA espérait que Kennedy, devant le désastre, se sentirait obligé de dépêcher l’armée américaine en renfort. Mais Kennedy refusa et l’opération échoua. La CIA lui attribua la totalité de l’échec de la Baie des Cochons. »

1965 • Vietnam
L’opération Phoenix est un programme secret de la CIA qui implique l’assassinat ciblé de civils vietnamiens (enseignants, cadres, médecins…) visant à paralyser le fonctionnement du pays et à détruire son infrastructure. Ce programme accompagné de tortures fut exécuté avec une violence sans nom afin de terroriser les populations. William Colby est en charge de l’opération et il sera ensuite nommé directeur de la CIA. Lors des auditions qui auront lieu dans les années 70 devant le congrès, Colby lui-même avouera que ce programme a conduit à l’assassinat de 20 000 personnes en une seule année. A noter que le général Aussaresses, militaire français connu pour son efficacité dans les pratiques de torture durant la guerre d’Algérie, participe à l’opération.


1973 • Chili
Le mardi 11 septembre 1973, le gouvernement socialiste du président démocratiquement élu Salvador Allende est renversé par un coup d’État militaire dirigé par le général Augusto Pinochet et combiné en sous main par la CIA et le Secrétaire d’État Henry Kissinger. Salvador Allende est assassiné (selon la CIA, il s’est suicidé). La liberté de la presse est abolie, le couvre-feu instauré et les opposants au régime arrêtés, exilés, torturés ou exécutés. Les listes des suspects sont fournies par la CIA aux escadrons de la mort de la junte militaire. La dictature militaire dirigera le pays jusqu’en 1990.


1980-1986 • Nicaragua

Les dérives de la CIA ont continué malgré les révélations de la commission Church en 1975, avec en particulier l’Irangate et le financement des groupes armés au Nicaragua dont les conséquences sur la société américaine ont été largement étouffées par les médias, en particuliers le lien entre ces machinations de la CIA et le fléau du crack, le stupéfiant qui a ravagé les États-Unis durant les années 1980. Le livre Black List publié en 2003 rassemble les récits de plusieurs grands journalistes américains racontant comment ils ont été mis à l’index après avoir tenté de publier des articles ou diffuser des reportages sur des sujets mettant en cause des instances ou des personnages élevés du pouvoir. Le premier récit présenté dans le livre est celui du journaliste Gary Webb au sujet de la guerre secrète menée par la CIA au Nicaragua entre 1980 et 1986 qui a donné lieu à une opération clandestine organisée par l’Agence, faisant usage d’un gigantesque trafic de drogue. Cette opération a permis de financer la Contra, un mouvement de lutte armée créé de toutes pièces par la CIA pour déstabiliser le gouvernement sandiniste au pouvoir à Managua. Et le financement de ce groupe armé s’est fait grâce à la vente de la cocaïne dans les ghettos noirs de Los Angeles, contribuant à déclencher la terrible épidémie de crack qui a dévasté ensuite les quartiers pauvres sur l’ensemble du territoire américain. La diffusion du travail de Gary Webb sur Internet, en 1996, donnera naissance à un vaste mouvement de mobilisation citoyenne aux États-Unis pour enrayer le désastre sanitaire dû à cette arrivée massive de drogue, et ce malgré le black-out presque total des médias institutionnels sur le sujet. Le journaliste dénonce précisément la collusion entre l’Agence de renseignement et la presse de son pays : « Les grands médias nationaux courtisent depuis longtemps la CIA. Ils publient des fuites qui arrangent l’Agence, ou bien pourfendent des articles ou des idées qui lui sont préjudiciables. Si cette connivence entre la presse et le pouvoir est si inquiétante, c’est parce qu’elle est devenue la règle. »



Le général Benoît Royal explique comment la CIA utilise les drones
pour procéder aujourd’hui à des assassinats ciblés au Pakistan.



Le paravent de la polémique sur la torture


Durant la première demi-heure du film, nous sommes contraints d’assister à la torture qu’un agent de la CIA inflige à un prisonnier présenté comme étant Ammar, le neveu de Khaled Cheikh Mohammed, accusé d’avoir transféré de l’argent à l’un des 19 pirates de l’air et terroristes présumés du 11 Septembre. Et entre deux sévices, le tortionnaire fait face à sa victime, et déclare : « Tu es responsable de la mort de 3000 personnes innocentes », justifiant ainsi, à l’attention du spectateur, le traitement qu’il lui inflige, sur la base de la tragédie du 11 Septembre.

Il est probable que la polémique à propos de la représentation de la torture dans le film, même si elle a pris à un moment donné des proportions embarrassantes pour la production, était au départ souhaitée par cette dernière, car cette polémique présente trois atouts majeurs :

1 • La polémique sert de paravent. Elle sature le débat autour du film, comme cela a été en particulier le cas aux États-Unis, ce qui écarte du champ des débats médiatiques l’enjeu primordial de l’absence de preuve concernant la réalité de l’assassinat d’Oussama Ben Laden en 2011.

2 • La polémique donne aux auteurs du film un gage de crédibilité aux yeux du public du fait que le film aborde de front certaines pratiques litigieuses normalisées sous l’administration Bush (le spectateur est ainsi susceptible de se dire « si les auteurs montrent sans détour la torture, sûrement font-il de même pour les autres zones d’ombre de cette histoire… »).

3 • La polémique, lorsqu’elle est maitrisée, est un excellent vecteur publicitaire pour un film.

Par ailleurs, contrairement à ce que prétendent les promoteurs du film, Zero Dark Thirty ne dénonce pas réellement l’usage de la torture, mais le justifie aux yeux du spectateur, car dans la logique du récit ficelé par Mark Boal, c’est bel et bien les informations fournies par les prisonniers torturés qui permettent au bout du compte à la jeune héroïne de parvenir au but ultime : attraper son Ben Laden de cinéma.




Le documentaire d’Errol Morris, Standard Operating Procedure,
revient sur les tortures infligées aux prisonniers d’Abu Ghraib en Irak,
loin de la représentation hollywoodienne de ces pratiques dans Zero Dark Thirty.



Hollywood sous tutelle après le 11 Septembre



En décrétant au soir du 11 Septembre que les États-Unis devaient répondre à un acte de guerre, George Bush a lancé une dynamique qui a permis à l’administration au pouvoir de gagner le soutien de bien des acteurs de l’économie américaine. Dans un article publié en 2009 sur Global Research, les deux auteurs, Matthew Alford et Robbie Graham, explorent la question de la collaboration entre les médias américains (dont l’industrie cinématographique) et la CIA, et apportent des éléments d’information éloquents sur l’installation d’une logique de propagande aux États-Unis à la suite du 11 Septembre [8] :

Nous considérons ici, de prime abord, l’idée selon laquelle Hollywood reste visé par l’infiltration et la subversion de différents organismes publics, en particulier la CIA. Les débats traditionnels sur la propagande cinématographique sont généralement rétrospectifs, et bien qu’un certain nombre d’observateurs ont mis en évidence la relation de longue date affichée entre Hollywood et le Pentagone, peu de choses ont été écrites sur les influences plus clandestines qui pénètrent Hollywood dans le monde de l’après 11 Septembre. Ainsi, notre analyse explore ce champ que Peter Dale Scott nomme la “politique profonde”, à savoir, les activités qui ne peuvent être véritablement comprises aujourd’hui en raison de l’influence secrète d’acteurs dissimulés du pouvoir. […] »



Le documentaire Hollywood – Pentagone (cinéma et propagande, les liens secrets)
s’ouvre avec la célèbre réplique du film Patton : « Mettez-vous bien dans la tête
qu’un connard n’a jamais gagné une guerre en mourant pour son pays.
On gagne une guerre en faisant ce qu’il faut pour que les pauvres
connards d’en face meurent pour leur pays. »

Si le lien venait à disparaître : Cliquez Ici


Le 11 Novembre 2001, une réunion a eu lieu à Hollywood entre le chef de cabinet adjoint du président Bush, Karl Rove, et des représentants de chacun des grands studios d’Hollywoodpour discuter de la façon dont l’industrie du cinéma pourrait contribuer à la “guerre contre le terrorisme“.[…] En fait, cette réunion faisait partie d’une série de rencontres entre Hollywood et la Maison Blanche d’octobre à décembre 2001. Le 17 octobre, en réponse au 11 Septembre, la Maison Blanche a annoncé la formation de l’Arts and Entertainment Task Force [groupe de travail portant sur l'industrie du divertissement], et en novembre, Jack Valenti [qui a été conseiller à la Maison Blanche sous Lyndon Johnson puis président de la MPAA, la toute puissante association de l’industrie cinématographique, de 1966 à 2004] devenait le chef de file de la nouvelle mission attribuée à Hollywood dans la “guerre contre le terrorisme“. Comme conséquence directe de ces réunions, le Congrès a demandé conseil aux professionnels d’Hollywood sur la manière de façonner un message efficace en temps de guerre à l’attention de l’Amérique et du monde. […] »

L’imbrication d’Hollywood avec les services chargés de la sécurité nationale reste plus étroite que jamais : l’ex-agent de la CIA Robert Baer nous a dit, “Il y a une symbiose entre la CIA et Hollywood” et il a révélé que l’ancien directeur de la CIA, George Tenet, était actuellement “à Hollywood, en train de parler aux studios.” Les affirmations de Baer sont étayées par les réunions de Sun Valley, des rencontres annuelles qui ont lieu dans l’Idaho et qui regroupent plusieurs centaines des plus grands noms des médias américains – y compris les principaux exécutifs des studios hollywoodiens – rassemblés pour discuter de la stratégie collective des médias pour l’année à venir. Dans le cadre idyllique des vastes parcours de golf, des forêts de sapins et des lacs de pêche en eau claire, des transactions sont menées à terme, des contrats sont signés, et la physionomie des médias américains est ainsi tranquillement transformée. La presse n’a pas encore reçu la permission de rendre compte de ces rencontres entre les grands médias et la nature exacte de ce qui est abordé à cette occasion n’a jamais été rendue publique. On sait, cependant, que Tenet était conférencier d’honneur à Sun Valley en 2003 (tout en étant à la tête de la CIA) et de nouveau en 2005. […] »

Du fait de sa nature souterraine, la CIA est une administration qui échappe au contrôle politique des citoyens tel qu’il peut être exercé au sein de l’appareil démocratique américain. À partir de ce constat, les dérives permettant l’instrumentalisation des médias et de l’industrie cinématographique à des fins propagandistes ne sont guère surprenantes. Chacun aura d’ailleurs noté que malgré la popularité des thèses alternatives à la version officielle sur le 11 Septembre, jamais Hollywood n’a pu à ce jour mettre en image un récit qui se démarque véritablement de celui livré en 2001 par l’administration Bush [9]. Comme le remarquent Alford et Graham, il est effectivement pertinent de se référer à l’analyse de Peter Dale Scott au sujet de « l’État profond » tel que cet auteur le définit dans ses derniers ouvrages etarticles, pour comprendre comment la puissance monstrueuse de la CIA a pu s’enraciner au sein d’un pays comme les États-Unis.


Avant la chute du Mur de Berlin, ces actions criminelles de la CIA pouvaient être jugées par l’opinion occidentale comme un mal plus ou moins nécessaire dans le cadre de la Guerre froide opposant l’Est et l’Ouest. Et l’on constate qu’effectivement, les crimes de l’agence étaient alors envisagés avec un certain pragmatisme teinté d’indulgence et de fatalisme. L’effondrement de l’URSS a bouleversé la donne et cependant la CIA et l’ensemble des agences américaines ont gardé une place prépondérante dans le fonctionnement global de l’appareil d’État américain, et ce pouvoir qui échappe totalement à l’emprise citoyenne s’est considérablement renforcé après la tragédie du 11 Septembre. Il eut été intéressant que Zero Dark Thirty traite un tant soit peu de cette dimension, de l’opacité qu’elle suppose et des dérives meurtrières qui ont marqué l’histoire de la CIA afin de remettre dans une juste perspective le sujet que le film est sensé traiter.


A défaut, Zero Dark Thirty constitue une formidable campagne de communication au bénéfice de l’Agence. A noter que le film réserve tout de même une allusion sur le caractère criminel et illégal des activités de la CIA dans le choix de casting retenu par la production pour interpréter Leon Panetta alors directeur de la CIA. Le rôle est tenu par James Gandolfini avant tout connu pour son interprétation de Tony Soprano, le parrain d’une organisation mafieuse dans la célèbre série télévisée Les Sopranos. Voilà qui est bien à l’image de la roublardise des producteurs de Zero Dark Thirty, car quelle que soit l’ambivalence du propos que développe le film, ce choix de casting renforce finalement le sentiment de sympathie du spectateur à l’égard de la CIA.

Lalo Vespera


http://www.mondialisation.ca/zero-dark-thirty-un-masque-de-beaute-sur-les-horreurs-de-la-cia-23/5325184



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Dernière édition par Silver Wisdom le Mar 1 Avr - 12:34, édité 1 fois (Raison : Modification lien vidéo)
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Message  09991 Dim 17 Mar - 1:48

Démineurs, la cérémonie des oscars et la réhabilitation de la guerre en Irak


La cérémonie des oscars de cette année a été un étalage de banalité et de lâcheté.

Les trois films les plus primés par l’Académie, Démineurs (The Hurt Locker), Precious, et Inglorious Basterds, incarnent dans leur ensemble ce qu’il y a de rétrograde et malsain dans l’industrie du film, et ils avancent tous masqués.



La propagande hollywoodienne et la CIA The-hu10
Une scène du film « The Hurt Locker »



La propagande hollywoodienne et la CIA 11830911




Démineurs


en dépit des déclarations sur son approche « apolitique » ou « non-partisane », se révèle, à sa propre manière sans saveur, être un film favorable à la guerre et à l’impérialisme. Loin d’offrir un point de vue compatissant sur la vie des Afro-américains des centres-villes [pauvres, ndt], Precious se complait dans l’arriération sociale, dont il impute la faute aux opprimés eux-mêmes. Le repoussant Inglorious Basterds de Quentin Tarantino se présente comme un film « anti-nazi », mais offre sa propre version du porno et du sadisme, laquelle reprends à son compte plus d’un élément fasciste.

Trois œuvres franchement abominables.


Il y a sept ans de cela, en mars 2003, quelques jours seulement avant le lancement de l’invasion illégale de l’Irak, le réalisateur de documentaire Michael Moore – recevant l’Oscar pour Bowling for Columbine – dénonçait George W. Bush comme « faux président, » ajoutant, « Nous vivons dans une ère où un homme nous envoie en guerre pour des raisons qui n’existent pas… [Nous] sommes contre cette guerre, M. Bush. Honte à vous. »

Sept ans après cette déclaration intègre de Moore, l’industrie du cinéma a officiellement jeté l’éponge dimanche dernier et de la manière la plus basse qui soit, abandonnant même la prétention à s’opposer aux guerres coloniales du Moyen-Orient et d’Asie centrale. En fait, le choix de Démineurs comme meilleur film fait partie d’une réhabilitation rampante et concertée de la guerre d’Irak, en train de se produire dans l’establishment politique et médiatique libéral.

De la revue The Nation, où Robert Dreyfuss a écrit qu’il voyait des « signes d’espoir » dans les récentes fraudes des élections irakiennes, jusqu’au groupe de réflexion du Parti Démocrate, le Center for American Progress, qui affirme que ces mêmes élections « représentent le dernier pas des irakiens pour reprendre le contrôle de leurs propres affaires, » la gauche officielle et le milieu libéral indiquent leur accord pour la présence permanente des États-Unis en Irak, visant à contrôler les vastes réserves de pétrole du pays.


Les libéraux « anti-guerre » bien en vue d’Hollywood, pour qui l’opposition à l’invasion Irakienne de 2003 avait beaucoup à voir avec une hostilité culturelle et psychologique, envers le gouvernement Bush, en sont là également. L’élection de Barack Obama représentait pour eux, comme pour tout un milieu social, la réalisation complète de leurs aspirations politiques.

La réalisatrice de Démineurs Katrine Bigelow, a saisi l’opportunité dans son discours de remerciement pour le prix de la meilleure réalisation, « de le dédier aux femmes et aux hommes de l’armée qui risquent leur vie chaque jour en Irak et en Afghanistan et partout dans le monde. » Et après cela, en recevant l’Oscar du meilleur film, elle a répété, « peut-être une dédicace de plus, aux hommes et aux femmes partout dans le monde qui portent un uniforme… ils sont là pour nous et nous sommes là pour eux. »

Non, ils ne sont pas là pour « nous ». L’armée américaine est une armée professionnelle, pas une armée de conscription, elle opère à la manière d’une bande de malfrats à l’échelle mondiale au service de l’élite financière américaine. Toutes sortes d’ex-gauchistes et libéraux se rallient actuellement autour de l’effort de guerre impérialiste, souvent par la formule selon laquelle il faut « soutenir les troupes. » C’est un slogan pitoyable et frauduleux. Dans la pratique, il implique un effort pour décourager ou passer sous silence les critiques des causes, de la conduite et des objectifs de ce conflit brutal.


Le succès de la campagne des Oscars en faveur de Démineurs donne la mesure de la banqueroute intellectuelle des critiques et de l’élite hollywoodienne. Ce film n’a pas eu un grand succès auprès du public, mais comme Jeremy Kay, écrivant pour le Guardian, l’a noté, « Ce Thriller est devenu l’égérie des critiques, loué comme le meilleur film sur la guerre en Irak réalisé aux États-Unis, et en fait comme la meilleure tranche de guerre montrée à l’écran depuis des années. » Ce n’est pas vrai, mais de bien meilleurs films comme Battle for Haditha et In the Valley of Elah, ou d’autres, ont été délibérément marginalisés par les médias américains.

La compagnie de relations publiques engagée pour s’occuper de Démineurs, s’est concentrée sur la perspective que Bigelow soit la première réalisatrice à recevoir un Oscar. « L’idée était séduisante, » écrit Kay, « et je peux témoigner de la vitesse à laquelle elle s’est répandue dans les artères d’Hollywood. Un jour avant la nomination, le 2 février, on ne parlait quasiment de rien d’autre. »

En d’autres termes, le fait que la réalisatrice soit une femme a compté plus que tout le reste. Bien sûr, ce n’est pas tout. Les membres de l’Académie ont également encensé Démineurs en raison de ses thèmes.


Sous le couvert de l’objectivité et de « l’authenticité, » le film de Bigelow présente la guerre en Irak du point de vue d’une « tête brûlée, » le sergent William James, expert en désamorçage. La présence des forces américaines en tant qu’armée d’occupation n’est jamais remise en cause, et le travail de cet individu téméraire (et, franchement, psychotique) est présenté comme sauvant héroïquement des milliers de vies.

Les quelques bribes de dialogues insérés entre les diverses scènes de désamorçage sont forcées et ne convainquent pas. Bigelow n’a aucune idée de ce que sont des soldats, ou de la manière dont les êtres humains interagissent. Ses films (the Loveless, Near Dark, Blue Steel, Point Break, Strange Days) ne sont pas faits à partir de la vie, mais à partir de schémas confus et malsains, y compris des morceaux épars de philosophie post-structuraliste et postmoderne.

Dans son premier film, The Set-Up (1978), par exemple, deux hommes se battent dans une ruelle, pendant que, selon le New York Times, « les sémioticiens [qui étudient le langage] Sylvère Lotringer et Marshall Blonsky déconstruisent les images en voix-off. » Bigelow a expliqué à ce propos : « le film se termine avec Sylvère parlant du fait que dans les années 1960 on concevait l’ennemi comme hors de soi, c’est-à-dire, un officier de police, le gouvernement, le système, mais ce n’est pas vraiment le cas en fait, le fascisme est très insidieux, on le reproduit tout le temps. »


On a envie de répondre, à nouveau, parle pour toi ! Bigelow est clairement fascinée par la violence et le pouvoir… et la guerre, qu’elle considère comme séduisante et « excessivement dramatique. » Bigelow adhère à l’idée « qu’il y a probablement une nécessité fondamentale à ce conflit » et qu’elle se trouve attirée par la notion d’une « psychologie de l’accoutumance, de l’attirance, vers le combat. »

Ses admirateurs déclarent que Bigelow se plaint, ou critique, un tel état de fait. Au contraire, Démineurs, glorifie et embellit la violence, que la réalisatrice associe à « des réactions émotionnelles intenses. » Tout cela, avec une dose de Nietzsche mal digéré, est assez malsain et même sinistre, mais il correspond à un état d’esprit bien défini parmi certaines couches considérées comme l’intelligentsia « radicale » aux États-Unis.

Le film de Bigelow, réalisé d’après un scénario du journaliste “embedded” Mark Boal, n’est pas un film anti-guerre. Il se contente de faire une pause de temps en temps pour méditer sur le coût élevé payé par les soldats américains pour le massacre des insurgés et des civils irakiens. En ce qui concerne Bigelow, tant qu’ils n’ont pas l’air de s’amuser et qu’ils montrent des signes de fatigue et de stress, les soldats américains peuvent continuer à tuer et à semer la destruction.

Comme l’a noté la chronique du WSWS en août dernier, « la plus grande erreur du film est que ses réalisateurs croient apparemment qu’il est possible de dépeindre correctement l’état moral et psychologique des soldats américains sans parler de la nature de l’aventure irakienne dans son ensemble, comme si cela ne changeait pas la manière dont les soldats agissent et pensent. »



Démineurs


a plu aux votants d’Hollywood, comme l’a noté avec satisfaction un commentateur, parce qu’il « ne force pas les spectateurs à faire un jugement politique sur la guerre, » c’est-à-dire qu’il est compatible avec l’ultra-droite, le pentagone et le gouvernement Obama.

La cérémonie annuelle des Oscars est plus qu’une simple occasion pour Hollywood de s’autocélébrer. La diffusion (vue cette année par 40 millions de gens aux États-Unis.) est devenue un rituel de la vie publique américaine, une manière de plus de forger, de manipuler l’opinion publique.

Ainsi, comme dans toutes les occasions de ce genre, la cérémonie est maintenant un événement complètement préparé et stérile du début à la fin. Personne n’a le droit – ou n’aurait l’idée – de sortir du rang, il n’y a pratiquement aucun moment qui ne soit écrit à l’avance. Même si cette cérémonie n’a probablement jamais eu son âge d’or, il y a eu une époque où elle conservait la possibilité pour des sentiments sincères, et même une opposition, de s’exprimer.

Même l’Oscar du documentaire, que Moore avait remporté en 2003, a été contrôlé de près. Judith Ehrlich et Rick Goldsmith étaient en compétition dans la même catégorie cette année avec leur film The Most Dangerous Man In America: Daniel Ellsberg and the Pentagon Papers. Ellsberg est l’homme qui a rendu publique l’histoire secrète du Pentagone dans la guerre du Vietnam en 1971, portant un coup à la version des événements présentés par le gouvernement. Il était présent à la cérémonie dimanche dernier. Dans l’atmosphère actuelle dominée par la corruption et la peur, il aurait été bien trop embarrassant de se souvenir de quelqu’un qui s’est opposé aux autorités!


À la place, The Cove, un documentaire sur un village de pêcheurs japonais où des milliers de dauphins et de tortues sont péchés chaque année, a reçu le prix. Ce sujet peut être bon, mais il est considérablement moins important que l’arrêt du bain de sang au Vietnam, ou de ses équivalents actuels, en Irak et en Afghanistan.

Bref, la cérémonie des Oscars de cette année a atteint encore une fois un niveau bien bas. Les réalisateurs, scénaristes et acteurs honnêtes d’Hollywood devront se faire connaître et agir. La situation actuelle est tout simplement intenable du point de vue du cinéma comme de la société dans son ensemble.



http://www.mondialisation.ca/d-mineurs-la-c-r-monie-des-oscars-et-la-r-habilitation-de-la-guerre-en-irak/18309


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